Chroniques

Cette rubrique abrite un fouillis d’impressions, d’époques diverses, sur tout et n’importe quoi, l’actualité, un film, un paysage, une pièce de théâtre, un concert, un petit voyage, un article qui m’a plu, etc. Ni thème précis, ni régularité. Juste l’envie de mettre en forme une impression fugitive ou persistante.
Toutefois, deux séries de textes forment des ensembles.

1. Vingt « Chroniques », la première étant datée du 18 décembre 2016 au 14 juin 2017, sont consacrées à l’histoire de mon arrière-grand-père, Victor Puiseux (1820-1883). Cette série est regroupée en un PDF unique, de lecture plus aisée, dans la Bibliographie générale de la rubrique Recherche sous le titre Une biographie de Victor Puiseux (1820-1883). Les rectifications insérées au fil des jours, heureusement assez peu nombreuses, n’ont pa pu être introduites dans la partie PDF.

2. Une guerre mondiale et une pandémie.
Un autre ensemble est constitué par les chroniques que j’ai faites au printemps 2020, en racontant, en parallèle, mes impressions sur les deux crises mondiales que j’ai traversées à quatre-vingts ans d’intervalle :
— le printemps de 1940 avec la montée des évènements qui ont conduit à l’invasion et l’armistice de juillet 1940,
— et le confinement imposé pour raisons sanitaires au printemps 2020 : on peut se rendre à la première de ces chroniques en cliquant ici. La série se compose de 60 textes, les 50 premiers sous-titrés Chroniques d’un printemps, et les 10 suivants sous-titrés Le Joli Mai, intitulés évidemment empruntées au cinéma.

2020

  • « Si tu t’imagines »

    Ce monde actuel, ennuyeux, trouillard, haineux, dominé par les insultes, les conflits, les matamores de tous poils, Juliette Gréco l’a quitté cette semaine. France-Musique, dans « Etonnez moi Benoît », ce samedi 26 septembre à 11 heures, a rediffusé une émission de 2012 qui m’a enchantée, sa voix, sa philosophie de la vie, des chansons, d’elle ou d’autres, pour l’écouter, cliquez ici.
    Elle avait à peu près l’âge des mes sœurs, un an de moins que Paulette, un an de plus que Claudine, (...)

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  • Voyage au Musée Marmottan « Cezanne et les maîtres. Rêve d’Italie ».

    Il y a environ trois semaines, j’ai fait un voyage : je suis allée voir les Cézanne exposés au Musée Marmottan, sous le titre « Cezanne et les maîtres. Rêve d’Italie ». Je précise tout de suite que j’écris le plus souvent Cézanne avec un accent, j’ai lu quelque part que les deux orthographes étaient admises.
    Ce n’était pas beaucoup plus difficile naguère d’aller à Budapest ou à Pékin, que d’aller à présent voir une expo dans Paris. Tout devient une affaire qu’il faut préparer aux dépens (...)

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  • Un signe de retour

    J’ai été en panne de Mac. D’où ce long silence, l’impression d’avoir été en exil sur Mars, d’où je sors pour l’anniversaire de l’attentat des Twin Towers. Juste avant la panne, j’avais été au Musée Marmottan voir les Cézanne et sa relation avec les Italiens, dont je parlerai sans doute assez vite.

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  • Musique en temps de pandémie Beethoven à la Roque d’Anthéron, 2020

    Je suis restée perplexe après avoir entendu hier soir la retransmission des concertos pour piano 3 et 4 de Beethoven depuis la Roque d’Anthéron, qui fêtait en cette année calamiteuse pour les spectacles musicaux à la fois son 40e anniversaire, et le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven. Les organisateurs des concerts de la Roque d’Anthéron ont maintenu le festival malgré tout : ils profitent de ce que les concerts ont lieu traditionnellement en plein air. Mais les deux lieux (...)

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  • « Vingt ans après »

    Le Liban : l’explosion effroyable qui a eu lieu dans le port de Beyrouth, mardi 4 août, m’a grandement peinée et, en même temps, replongée dans mes souvenirs de ce pays petit, gracieux et magnifique à la fois, que j’avais visité en 1999.
    « Vingt ans après », c’est comme la suite des Trois mousquetaires, c’est toujours triste.
    Je l’avais adoré, tout en y repérant des pratiques de commerce et de tourisme, qui m’avaient agacée. Et surtout, en y déplorant les ruines de la guerre civile (...)

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  • Comment je n’ai pas appris le chinois

    Coup de blues
    Distractions de l’été 2020
    Pas grand-chose à se mettre sous la dent, dans ces temps de pandémie au long cours. Et ce n’est pas Mulholland Drive de David Lynch, vu hier soir sur Arte, qui est propre à donner un aspect riant au monde, une implacable satire d’Hollywood faite au long d’un film prétentieux, ennuyeux, et même souvent désagréable. J’avais beaucoup aimé, en son temps, la série Twin Peaks, avec le merveilleux Kyle McLachlan mais finalement, je crois que je n’aime (...)

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  • « Féministes » ou dangereuses harpies ?

    Les manifs « féministes » d’hier à Paris et ailleurs (comme d’avant-hier et de demain) orchestrées par la bande de Caroline De Haas me lèvent le cœur. Je me suis dit d’abord que je n’allais pas leur faire de la pub en parlant d’elles. Et puis tout de même, devant tant de bêtise conjuguée à une réelle méchanceté et une absence totale de principes politiques et juridiques élémentaires, je me résous à écrire, comme je l’ai déjà fait au moment de leurs attaques scandaleuses à propos de (...)

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  • Contact avec J. M. W. Turner à Jacquemart-André Voir, là-bas, voir...

    Dans le désagréable Paris de 2020, parmi les gens masqués, méfiants, vite agressifs, déboussolés, j’ai eu bien du plaisir à retrouver les espaces du Musée Jacquemart-André, Bd Haussmann, à monter lentement l’allée de gravier épais qui succède au passage voûté, allée dessinée en arrondi, laissant sur la gauche la beauté raide et luisante des feuilles vernies de deux gros magnolias, allée qui mène jusqu’à l’entrée du bel hôtel particulier du ménage Jacquemart-André - merci à eux, si riches, (...)

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  • Un spectacle sans public reste-t-il un spectacle ? Le joli Mai, 10

    Malheureuse année Beethoven, 250e anniversaire de sa naissance, où toutes les salles du monde avaient programmé depuis des mois, des années, l’œuvre entière du compositeur. Cela aurait dû être un vrai bonheur que le virus a saccagé par la mesure de confinement qui a annulé tous les concerts et opéras depuis le 17 mars.
    Privée de musique en vrai (en novlangue, on dit en « présentiel »), je traîne souvent sur Mezzo, à la recherche des sonates ou des quatuors, malgré le son déplorable des (...)

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  • La vie devant soi Le Joli Mai, 9

    Trois semaines à l’hôtel Belledent, à dormir à trois dans un lit, à se laver dans des cuvettes émaillées et à trimballer des brocs d’eau froide qu’on allait chercher à la pompe, car le service était minimal, « sommaire » comme avait dit M. Cottin. Des propriétaires, j’ai peu de souvenirs, un jeune couple sans doute, ils avaient une petite fille de 3 ou 4 ans, Malou, qui jouait dans les allées du potager et demandait régulièrement à sa mère, avec son accent de Haute-Loire, « Eh, Maman, où (...)

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  • À l’aventure Le Joli Mai, 8

    Je n’ai jamais revu la dame, ni sa horde de passagers et de bagages.
    Vers 2 heures de cette même nuit du 15 au 16 juin, ma grand-mère a reçu un coup de téléphone de la gendarmerie de Domblans, eux-mêmes venaient d’être prévenus par la préfecture que les troupes (lesquelles, étant donné la débandade générale et contre quels Allemands ?) se rassemblaient dans le coin : il risquait d’y avoir des combats dans les bois, vers Saint-Lothain, Frontenay ou Passenans, à 3 kilomètres. Les gendarmes (...)

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  • Bouchées doubles Le Joli Mai, 7

    Dans le réel, on ne va pas plus vite que la musique. Ainsi, aujourd’hui, c’est le 17 mai 2020. Je ne sais même pas de quoi il sera fait.
    En revanche, dans le récit du passé, on peut appuyer sur le champignon, hâter les événements, faire des impasses, des coupes : c’est pourquoi, au cinéma, les guerres ou les fins du monde sont si intéressantes, ramassées, pas de temps morts. Juste l’essentiel, les points d’étapes. Le décisif.
    Donc le printemps 1940 : aujourd’hui, trois dates, sans (...)

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  • Qui vivra, verra Le Joli Mai, 6

    Paris, vendredi 15 mai 2020
    La radio ce matin : un festival de radotages ou de poncifs, sur n’importe laquelle des stations écoutées, séquelles psychologiques du confinement, querelle des masques répétée à satiété, pourquoi le gouvernement a changé de discours, pourquoi on en avait détruit, pourquoi en a-t-on donné aux Chinois en février, les masques vont-ils perturber le développement des enfants ? etc. Le bla-bla comme base de l’information. La palme du discours inutile, pour moi, est (...)

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  • Madeleine Pauliac Le Joli Mai, 5

    À Blandans, en mai 1940, il y aura, dans le très proche avenir, bien inscrites dans mon souvenir, quelques dates très précises, dans l’atmosphère qui se détériore, un effritement général, dont tous les témoins adultes mobilisés (Marc Bloch) ou militaires de carrière (Charles de Gaulle) ont fort bien rendu compte au niveau de la nation. Mais à mon très petit niveau - 7 ans et pas d’expérience -, ce printemps est surtout flou et occupé, je ne le dirai jamais assez, par des discussions, (...)

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  • En avant Le Joli Mai, 4

    Blandans, vendredi 10 mai 1940
    La tempête a éclaté au milieu des bols du petit déjeuner (Thé pour Tante Paulette, café au lait pour Maman, Paulette, Claudine et Bonne-Maman, phoscao pour moi) : les Allemands ont envahi les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique, comme ça, en fin de semaine. Effet de surprise énorme, pays officiellement neutres, donc particulièrement mal préparés. Je dis « effet de surprise », c’était une surprise pour les gens, peut-être, mais en fait, il y avait eu des (...)

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  • Bousculade Le Joli Mai, 3

    Plusieurs « 8 mai » se bousculent dans ma tête.
    Blandans, le 8 mai 1945, le jour de la capitulation allemande et donc, la fin de la guerre sur le front de l’Ouest, a d’abord été un jour ordinaire : c’était pour moi un jour de cours de maths chez une dame qui habitait Voiteur. J’avais 12 ans, je finissais ma 5e. Si Tante Paulette continuait à m’instruire pour la plupart des matières, en maths, elle avait déclaré forfait depuis deux ans.
    J’allais donc à un cours d’algèbre, science à (...)

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  • Pas si joli que ça Le Joli Mai, 2

    Blandans, mardi 7 mai 1940
    Pie XII prie pour la paix. Il savait dès le 4 mai que Hitler s’apprêtait à attaquer à l’Ouest et en aurait prévenu les Pays-Bas et la Belgique. Mais nous ne savons rien.
    Sinon, qu’à Blandans, l’attmosphère s’épaissit de plus en plus, les nouvelles plombent tous les repas et les débordent, on écoute les communiqués. J’ai l’impression que ce sont des mots un peu magiques, qui endorment ou fâchent. Les grandes personnes font des conciliabules, debout, dans les (...)

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  • Envie de changement Le Joli Mai, 1

    J’ai envie de changer.
    J’ai envie que ça change, qu’on sorte de cette pétrification vaseuse du confinement, du virus, des statistiques, de la grogne et de la méfiance comme principe de société, et de tout ce bazar mondial où s’agitent Trump, Xi et Cie, dans lequel se dessine un avenir numérisé à mort.
    Faute de mieux, sur ce site, je change :
    – de titre : « Chronique d’un printemps » était un clin d’œil à Chronique d’un été, de Jean Rouch (1960), c’est désormais un hommage à Chris (...)

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  • Un taxi pour Tabriz Chronique d’un printemps, 50

    Paris, dimanche 3 mai 2020
    En lisant les Mémoires du Général, j’ai enfin compris qu’Un taxi pour Tobrouk (Denys de La Patellière, sorti en 1961), était, en fait, un très bon film d’histoire : Lino Ventura, Charles Aznavour et Maurice Biraud sont des éléments des Forces françaises libres, créées par De Gaulle, la première partie du film montre comment chacun convergera, pour des raisons diverses, vers cette petite armée, composée de bric et de broc, grâce à la grandeur de vue et à (...)

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  • « Quarante jours d’errance » Chronique d’un printemps, 49

    Paris, samedi 2 mai 2020
    Ce fut hier une étrange journée, on s’envoyait des photos de muguet. Des vrais, ou des faux, humoristiques mais qui ne faisaient pas rire. Le confinement traîne en longueur avec son cortège de fausses nouvelles, les gens ont l’air de ne plus savoir s’ils préfèrent le confinement ou le déconfinement. Sur les videos échangées, des chiens soupirent de devoir aller pisser sans arrêt.
    L’après-midi se passe pour moi dans les couloirs de la France Libre, à Londres. (...)

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  • Sans son Tralala... Chronique d’un printemps, 48

    Paris, vendredi Ier mai 2020
    Fête du Travail sans travail.
    Ier mai sans défilé.
    Ier mai sans muguet.
    Cette année, nul tralala, les habitudes historiques et les conventions ont disparu. Le coronavirus a eu leur peau.
    En écrivant le mot tralala, je repense à « Avec son tralala, son petit tralala », j’ai toujours aimé cet air si joyeux que Suzy Delair chante dans Quai des Orfèvres (n’oubliez pas de passer l’annonce sur le lien). J’ai vu maintes fois Quai des Orfèvres, ce film, en (...)

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  • Impôts point gouv Chronique d’un printemps, 47

    Paris jeudi 30 avril 2020
    Hier, j’ai fait ma déclaration d’impôt, c’est de plus en plus facile. Ma qualité de fonctionnaire retraitée me mâche le travail. Il fallait encore, l’an passé, que je lise la déclaration proposée sur internet, que je la confirme, que je la signe électroniquement et que, clic, je l’envoie. Cette année, c’est encore mieux, il suffit que je la regarde, et cela veut dire, si je ne réclame pas, que je suis d’accord, je déconnecte après ce regard. Ce fut donc vite (...)

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  • Ligne de crête Chronique d’un printemps, 46

    Paris, mercredi 29 avril 2020
    Hier après-midi, discours d’Édouard Philippe : les paliers de déconfinement se feront par étapes modifiables au gré des circonstances et des régions, en accord avec les élus et préfets, en fonction de la concentration du virus. On sera « verts » ou « rouges ». Il ne s’agit ni de foncer trop vite, il y a risque d’« écroulement », ni de se réfugier dans un attentisme mortel. Ligne de crête, a dit le Premier ministre.
    Je regardais sa stature, les presque 2 (...)

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  • De l’air, de l’air (bis) Chronique d’un printemps, 45

    Paris, mardi 28 avril 2020
    Au hasard, j’essaie des pistes pour m’échapper un peu : pas facile. L’humanité, en ce moment, a l’air d’avoir le goût du malheur. Hier, j’ai été captivée - et passablement terrifiée - par une des chaînes cinéma qui passait Nan Shui Bei Diao, un superbe documentaire d’Antoine Boutet, sur la Chine (2015, 1 h 50) et le projet de dériver les fleuves du Sud vers le Nord : « Sud Eau Nord Déplacer ». Il s’agit d’un énorme transfert d’eau, inspiré sans doute par le (...)

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  • De l’air, de l’air ! Chronique d’un printemps, 44

    Blandants, samedi 27 avril 1940
    Les « nouvelles » étaient un tissu réconfortant, les médias - journaux, magazines et radio - faisaient mousser les rares pertes de la Wehrmacht, les rares succès des Alliés en Norvège. Les ratés de Trondheim ou de Narvik étaient déguisés en prudence. Tout de même, les rois du Nord gagnaient l’Angleterre en emmenant leurs trésors.
    Officiellement, les autorités étaient toujours confiantes dans la ligne Maginot. Les gros ouvrages en béton, bien clos, bien (...)

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  • Marianne ou l’avenir Chronique d’un printemps, 43

    Paris, dimanche 26 avril 2020
    Hier soir et ce matin, j’ai reçu de mauvaises nouvelles. L’air parisien, du coup, comme toujours tout peuplé de soleil, est plus étrange. J’ai de la peine pour mes amis. L’impression, parfois, que ce virus nous fait tous pédaler dans la semoule.
    France-Musique ce matin : « Au chœur de l’orchestre », excellente émission qui suit le non moins excellent « Bach du dimanche », entreprend de dresser les malheurs imprévus des orchestres au fil du temps, ceux qui, (...)

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  • Un patchwork Chronique d’un printemps, 42

    Paris, samedi 25 avril 2020
    Hier soir, j’ai quitté très tôt les plateaux télé qui patinent sur le COVID 19. Une des chaînes cinéma passait L’Aile ou la cuisse (Claude Zidi, France, 1976), que je n’avais pas vu d’un bout à l’autre depuis la nuit des temps. Le film n’a rien perdu de son actualité, il combat la bouffe industrielle, les poulets sous vide, les arômes chimiques et les conservateurs, la perte du bon goût et de la santé.
    Certaines scènes sont assez lourdes, d’autres, (...)

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  • Au-dessus du nid de coucous Chronique d’un printemps, 41

    Paris, vendredi 24 avril 2020
    Mesures à venir, piétinement sourd des commentaires, parfois utile, souvent creux ou aigre, perspectives d’un monde numérique de plus en plus prégnant et inquiétant, idée que les films de science fiction ont vu juste, avec leurs villes sous terre ou sous globe, nouvelles des uns et des autres, parler.
    Je vais rejoindre L’Appel, la première partie des Mémoires de guerre du général de Gaulle, commencées hier en me réjouissant d’avoir lu, il y a peu, (...)

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  • Ciel, désert et marais Chronique d’un printemps, 40

    Paris, jeudi 23 avril 2020
    En écrivant le sous-titre de cette chronique, je vois qu’elle est la 40e de la série. Quarante jours dans le désert, la période de retrait du Christ avant de se lancer dans sa vie publique.
    40 jours dans le désert : d’autres l’ont fait et le font encore. Et pour eux ce furent, ce sont, des suites indéfinies de quarante jours en quarante jours, dans des conditions sans nom, je parle des otages, ceux qui sont dans les geôles du désert de Syrie ou autre.
    Pour (...)

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  • S’il tonne en avril... Chronique d’un printemps, 39

    Blandans, lundi 22 avril 1940
    À la maison, comme dans toutes les campagnes de ce temps, on fonctionnait beaucoup à coup de proverbes. Il y en avait pour toutes les saisons, toutes les situations. Prévoir le temps, scruter le ciel, guetter le vent, la couleur du ciel à l’aube ou au couchant (« Les rougeurs du soir font sécher les toits », « Les rougeurs du matin font tourner les moulins »), étudier les nuages en forme de « rasure », une mince couche de cirrus à l’ouest annonciatrice de (...)

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  • Quelle question ! Chronique d’un printemps, 38

    Paris, mardi 21 avril 2020
    Pluie de sms et de mails, en provenance des médecins et des centres médicaux, relayant les conseils du Ministère des solidarités et de la santé, nous priant de nous surveiller, il n’y a pas que le coronavirus. Penser à prendre des rendez-vous, pour nos pathologies ordinaires. Ce que j’ai fait en partie hier. Le début du déconfinement sera occupé par une série de visites de contrôle, habituelles, mais qui avaient été annulées en début de l’épidémie. Amusant ? (...)

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  • Avant-goût Chronique d’un printemps, 37

    Paris, lundi 20 avril 2020
    Ce matin, sur France-Inter, une nouvelle m’a agacée : on évoquait une start-up culturelle, qui, de manière expresse, dans un format de 20 minutes, se proposait de raconter une œuvre du monde classique, roman, pièce de théâtre, film, et se flattait ainsi de donner envie de lire ou voir en entier la chose en question.
    J’ai peur que cela ne serve qu’à se faire une petite teinture, bien éloignée du plaisir de tomber dans la longueur propre de chaque œuvre, le (...)

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  • Formes de la violence Chronique d’un printemps 36

    Paris, dimanche 19 avril 2020
    J’ai fini Le Premier homme. La description, à la fois minutieuse et sans ordre, de la ville d’Alger, rend présente l’alternance de la chaleur - écrasante - et de la pluie - plus rare mais diluvienne -, qui baigne un monde de la pauvreté, de l’effort, de la difficulté et de l’énergie quotidiennes. Les saveurs, les parfums bons et mauvais, la couleur, les sonorité, la tension, les violences sourdes ou physiques d’un monde qui survit comme une île entre deux (...)

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  • « Le moutonnement indéfini des commentaires » Chronique d’un printemps 35

    Paris, samedi 18 avril 2020
    Aujourd’hui, je ne participe pas au « moutonnement indéfini des commentaires » (Michel Foucault, L’ordre du discours, 1971, p. 27. Tout comme je cesse de les écouter ou de les regarder, à la fois nocifs et fascinants. Quoi de plus collant que les gens qui n’ont jamais compris ce qui vient d’être dit, et qui le déforment à loisir en râlant. L’éternelle défiance française.
    Repos de fin de semaine. Rêverie. Promenade imaginaire.
    Blandans, jeudi 18 avril 1940 (...)

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  • Le lendemain, elle était souriante Chronique d’un printemps 34

    Paris, vendredi 17 avril 2020
    Sous le ciel si pur pour une bien triste raison, l’atmosphère générale est empoisonnée par les infos innombrables, les « live », les forums et autres rencontres. J’ai beau les fuir, je les sens autour de moi.
    Feuilleton d’une crise vertigineuse. Avec, en vedette, quelques héros positifs du monde soignant, et hélas, des clowns maléfiques, dont le modèle indépassable reste Donald Trump, ses bravades, ses mensonges, son égoïsme, son besoin de se défausser, son (...)

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  • Je soupire après vous Chronique d’un printemps 33

    Paris, jeudi 16 avril 2020
    La torpeur du confinement se fendille de quelques espoirs. On parle même de la réouverture possible des salons de coiffure après le 11 mai. Ce n’est pas un vœu futile, c’est capital de récupérer une allure. Coiffeurs, librairies, fleuristes, parcs, cafés, etc., je soupire après vous. Que les grognons ne disent pas que c’est uniquement pour relancer l’économie, moi, je veux relancer mon moral et celui de la famille et des amis, eux que je veux voir bientôt. (...)

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  • Colin-maillard Chronique d’un printemps 32

    Paris, mercredi 15 avril 2020
    À la radio, comme chaque matin, la méfiance règne dans les questions et les réponses des journalistes et de leurs invités, sur les mesures prévues, les prés étaient, comme toujours, plus verts ailleurs, et c’est sans doute dur à supporter, cette méfiance généralisée.
    Hier, en début de soirée, radios et télés nous prédisaient à tire-larigot que nous, les vieux, les plus de 70 ans , le 11 mai, non, ce n’était pas pour nous et que nous vivrions ainsi pour (...)

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  • « Et pourtant elle tourne » Chronique d’un printemps 31

    Blandans, dimanche 14 avril 1940
    Ce matin, à la messe, nous avons à nouveau chanté nos acclamations, et toujours sans savoir qu’elles étaient carolingiennes, très vieux souhaits de victoire : Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. Majestueuses, enthousiastes, j’y participe depuis notre banc, debout, chantant avec cœur, ayant refermé mon petit livre de messe ; mais ça reste un peu dans le vide, on n’en entend pas encore les effets. Pas de victoire, pas de règne.
    La guerre (...)

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  • Rouge et blanc Chronique d’un printemps 30

    Paris, lundi 13 avril 2020
    Un beau temps, que pas grand chose n’arrive à altérer. Juste une mini-averse hier, après un mini-grondement de tonnerre vers 15 heures.
    Le plus stupéfiant a été la réalité, comme d’habitude, ainsi, l’image du Vatican (cf en bas du texte) : jour de Pâques en pandémie, Urbi et Orbi dans le décor désert des colonnades baroques de Saint-Pierre de Rome.
    J’ai commencé Le Premier homme, j’aime bien le style sec de Camus, c’est toujours un peu le début de (...)

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  • Ô souffle du printemps ! Chronique d’un printemps 29

    Paris, dimanche 12 avril 2020
    Avalanche des mails d’annulation, adieu Or du Rhin, Walkyrie avec Kaufmann dans le rôle de Siegmund, adieu, Messe en si, adieu, Symphonie alpestre. Et pour combien de temps, privation de concerts. Une vie sans concert ? Mortelle. Impensable. Ce matin, dans l’émission de France Musique, Le Bach du dimanche, on a pu entendre toutes sortes de messages de chefs confinés, sans orchestre, sans représentation. Comment tous ces artistes vivent-il cette privation. (...)

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  • Expérience et bords de mer Chronique d’un printemps 28

    Paris, samedi 11 avril 2020
    Hier soir j’ai fait une expérience, j’ai décidé de regarder la télé, toutes les chaînes dont je dispose, un bouquet SFR assez garni : j’ai donc parcouru (ça m’a pris deux heures !!) la centaine de chaînes, docu, sport, infos, fictions etc , moins de 10% échappaient au COVID-19. Saturation totale. En français, en anglais, en arabe, en allemand, en italien, en espagnol d’Espagne ou d’Amérique du sud, en russe, en chinois etc., le COVID-19 est partout, illustré (...)

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  • Adaptation Chronique d’un printemps 27

    Paris, vendredi 10 avril 2020
    Aujourd’hui, je me sens un peu comme Louis XVI retour de chasse en juillet 1789, qui écrit sur son carnet, Rien.
    Loin des radios et télés qui organisent avec beaucoup de bêtise une fausse ou vraie guerre des médecins.
    Monoprix est souvent dépourvu de farine, les gens font des gâteaux, comme me l’a confirmé hier une des dames qui remplit les rayons. On s’est parlé, quel exploit ! À 1 mètre 50 bien tassé, comme il se doit. Elle a un masque, moi pas. (...)

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  • Sapiens sapiens Chronique d’un printemps 26

    Paris, jeudi 9 avril 2020 Ce matin, l’invité de Guillaume Erner était Gilles Bœuf , un chercheur à la fois passionnant et convaincant dans son expression, biologiste et professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie, il été chargé de cours au Collège de France et ancien Président du Muséum national d’histoire naturelle. Il a parlé des chauves-souris, des pangolins, des tiques et des chevreuils, des marchés crasseux (il a dit « immondes » où voisinent les animaux morts ou vivants) du (...)

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  • Ça sature ! Chronique d’un printemps 25

    Paris, mercredi 8 avril 2020
    J’ai envie d’une pause réelle, les radios sont toutes plus anxiogènes les unes que les autres, RFI comprise, avec les nouvelles épouvantable des USA ou de l’Afrique, sur le plan sanitaire ou social.
    Ras-le-bol, cet abruti de Philippe Martinez et son appel à la grève générale à partir de demain dans le commerce - seuls ceux de l’alimentation sont ouverts -, quelle bonne idée ! Ajouter une crise alimentaire, voilà qui serait génial. Battons-nous devant les (...)

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  • Podcast et Quasimodo Chronique d’un printemps 24

    Paris, mardi 7 avril 2020
    Ce matin sur France Culture, un invité passionnant, Thomas Gomart, de l’Institut français des relations internationales (IFRI), a expliqué comment le virus révélait le jeu des fils de trame entre trois grandes puissances - Chine, USA, Europe - , comment la stratégie, les sources d’énergie, l’alimentation, le sanitaire et le numérique, se combinaient et nous enveloppaient comme un filet ; il en a retracé le chemin depuis 1971, c’est trop long à ré-expliquer. « (...)

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  • Du sens ? Chronique d’un printemps 23

    Paris, lundi 6 avril 2020
    Faut-il raconter, ce matin, ce que nous savons tous. C’est-à-dire que nous ne savons pas grand-chose, qu’on apprend au jour le jour sur le virus et la maladie. Je constate que les journalistes des chaînes françaises sont sottement impatients, qu’ils peinent à prendre le tournant qui consisterait à informer sans cherchent à pousser à la faute leurs interlocuteurs et à faire de la politicaillerie. J’écoute surtout Radio France internationale, (RFI), pour sortir (...)

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  • Espace en crise Chronique d’un printemps 22

    Paris, dimanche 5 avril 2020
    Il faut des masques, paraît-il. Je pense que ce revirement officiel ne serait utile que si on avait suffisamment de masques chirurgicaux. Ce qui n’est pas le cas, comme chacun sait. S’il faut les bricoler en pliant des tissus extirpés de mes vieux tiroirs, comme j’ai vu faire à la télé hier soir, merci bien. Je n’ai pas de visière de moto. Je n’ai pas d’élastique et les magasins sont fermés. Je n’ai pas les yeux pour coudre ni la foi pour grenouiller sur les (...)

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  • Avec quoi écrit-on l’histoire ? Chronique d’un printemps 21

    Paris, samedi 4 avril 2020
    Un ciel bleu et un soleil brillant, il n’y a plus une traînée d’avion. Les jours se fondent les uns dans les autres.
    J’ai fini Guerre et Paix. Pierre et Natacha, Marie et Nicolas, sont devenus des couples ordinaires de l’aristocratie russe des Années 1820, qui est aussi l’année de la naissance de mon arrière grand-père Victor Puiseux, je peux toucher du doigt cette époque dans ses bégaiements qui forment un immense paysage, une immense tapisserie en relief, à (...)

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  • Fluctuat nec mergitur Chronique d’un printemps 20

    Paris, le vendredi 3 avril 2020
    Je n’ai jamais tant pensé à Georges Canguilhem que ces temps-ci. Son ouvrage, Le Normal et le Pathologique, m’avait éblouie dans les années 80, où je l’ai lu pour préparer mes séminaires qui portaient sur la représentation de la médecine, des malades et de la maladie au cinéma. Philosophe et médecin, résistant de la première heure, ami d’Ignace Meyerson, de Jean-Pierre Vernant, Canguilhem analyse notamment, dans cet ouvrage ce qu’est la maladie comme (...)

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  • Valses de Vienne Chronique d’un printemps 19

    Paris, jeudi 2 avril 2020
    Aujourd’hui sera jour de sortie, liste à préparer, choix de l’heure etc.
    Hier, j’ai admiré Édouard Philippe et Olivier Véran, répondant aux questions des 26 députés réunis en commission, moitié présents en réalité, moitié en videoconférence, les deux ministres ont été à mes yeux parfaits, précis ou disant les incertitudes - entre autres, le déconfinement - , patients, et je me demande comment sont les journées de tous ces hommes faisant face aux énormes (...)

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  • « La Jetée » Chronique d’un printemps 18

    Paris, mercredi Ier avril 2020
    Orly a fermé hier soir. Choc. Comment ne pas penser à La Jetée (Chris Marker, 1962), la fameuse Jetée d’Orly, cette plateforme, symbole en 1962 d’un modernisme absolu, d’un monde à venir : ce film d’anticipation et expérimental - tout en photos, sauf un plan animé - s’y déroulait en partie, dans de mythiques années 3 000 où des savants issus de ce qui ressemblait déjà à de l’intelligence artificielle, terrés dans les sous-sols du Trocadéro, après une (...)

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