Il pleut, bergère ! Too much

Cérémonie d’ouverture : rites, mythes, stars, chansons et quoi encore ?

Il aurait pu faire trop chaud, mais non, il pleuvait, un peu d’abord, puis à verse, une pluie dévastatrice. Personne n’avait-il pensé à cela ? J’espère que ni les sportifs, ni les acteurs ni les spectateurs n’ont attrapé la crève.

Je serais incapable de faire une explication argumentée sur le flot d’images contradictoires, tragiques ou joyeuses, vaguement provocatrices ou attendues, que les journalistes ont accompagnées d’exclamations, « magnifique », « quelle émotion », « c’est magique » etc, répétées inlassablement des heures durant, images en direct sous une pluie qui devenait de plus en plus battante, le tout truffé de séquences tournées ailleurs. Mille sons en contrepoint ou en harmonie, voire en redondance, complétaient le spectacle. Du grand spectacle, confié à Thomas Jolly dont j’avais beaucoup aimé Henri VI, immense pièce de Shakespeare. Un peu moins son Richard III qui trahissait une certaine propension à l’exhibitionnisme et à la démesure. Qui trop embrasse mal étreint ? Peut-être ?

En un sens, ce déballage et ce montage, considérables, pouvaient à la fois plaire et déplaire, fatiguer et amuser, truffés de mots clés (éternité, diversité, sororité, festivité etc.), immense auberge espagnole qui présentait « la France », du French cancan aux drag queens, de Carmen ou Marie Antoinette dont la tête coupée flottait dans l’eau près de la conciergerie, à la Joconde volée et retrouvée ou à Céline Dion chantant L’Hymne à l’amour d’Édith Piaf.

Le contexte politique international était muet, mais j’y pensais sans arrêt, il était lourdement présent en toile de fond, climatique ou guerrier, égrené au flanc des bateaux qui transportaient les sportifs et futurs champions des différents pays, agitant follement les drapeaux : Iran pas loin d’Israël, les deux Soudan séparés, les deux Corée aussi, et les deux Chine, la Palestine, les réfugiés. Les incendies de Californie, les inondations du Brésil, les révoltes du Bangladesh et. Tout se passait comme si on ne voulait pas penser directement à tout cela. Mais tout cela est dans l’espace, c’est l’air qu’on respire.

De temps en temps on voyait la silhouette d’un sniper sur les toits des monuments le long du fleuve.

Vers 22 heures trente, j’ai eu marre de toute cette « magie mythologique », si astucieuse soit-elle parfois, et je suis allée me coucher.
Cela m’a fait un peu penser à De Gaulle, en 1944, qui par sa seule parole, a persuadé les Français qu’ils avaient tous été résistants.
Ici, on nous représentait que tout le monde s’aimait et s’acceptait dans le culte d’un corps vaillant et conquérant. On sait bien que c’est faux.

D’ailleurs, on n’a même pas pu faire semblant de faire une trêve dans les différentes guerres pendant ces Jeux-ci, comme on l’avait fait encore pendant les Jeux de Pékin ou de Londres.

N’est-il pas temps de mettre au rancart les Jeux Olympiques, avec leur énorme coût environnemental et financier, ressuscités à la fin du XIXe siècle par le très douteux Pierre de Coubertin, misogyne et raciste ?
Et si on n’était plus des moutons ?