« Breaking News », Franck Schätzing Le Proche-Orient, le journalisme et la guerre

J’avais lu ce roman de Franck Schätzing il y a quelques années. Je le relis aujourd’hui en pleine crise Israëlo/Palestiniene, au milieu des morts et des otages ; entre deux lectures, je suis souvent captée par les activités médiatiques (radio, télé) dont ce roman me fait mieux prendre conscience qu’elles agissent comme de grand rideaux de scènes pour cacher la mêlée compliquée des données de l’histoire, des fragments du présent, des plans secrets, des discours, des images, des drones, des dollars et des ambitions, des souffrances et des drames personnels.

Tom Hagen, le héros du roman de Schätzing, est reporter de guerre et ses activités, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et en Israël, sont analysées en détail avec des précisions qui valent tous les experts et toutes les tables rondes des médias de ce triste mois de novembre. Après le récit du sanglant échec où il s’est délibérément mêlé à une affaire d’otages en Afghanistan, en 2008, bien avant le retour des taliban qui sont largement hébergés au Pakistan, Hagen rejoint les problèmes d’Israël.

Après cette sorte de préambule, Schätzing nous entraîne alors dans dans l’espace et dans le temps, avec génie, vers les problèmes de la création de l’État d’Israël, les espoirs et les pièges du sionisme, Ariel Sharon devenant lui-même un personnage du roman. Les époques se bousculent, les espaces font puzzle dans leur cortège de violences et de miroirs complexes, inexorables et insolubles.

Bref, non résumables à cause de leur richesse et de leur intelligence, je ne saurais trop dire mon plaisir et mon intérêt pour ces presque mille pages si bien traduites par Olivier Mannoni, et parues aux édition Piranhas en 2017 ; Schätzing y a publié plusieurs autres romans, que je me réjouis d’attaquer quand j’aurai fini de relire celui-ci brûlant d’actualité.

Hier soir, j’ai oublié momentanément tous ces drames réels en revoyant Ma nuit chez Maud (Eric Rohmer, 1969), c’est peut-être le meilleur des Rohmer, et le meilleur des rôles de Trintignant, légèrement démodé avant de devenir indémodable, je dirais presque inaltérable, dans un noir et blanc minimaliste et magnifique, à la fois chaud et froid comme la couverture de fourrure du lit de Françoise Fabian, et comme la neige qui tombe sur Clermont-Ferrand.