Au revoir là-haut Un film d’Albert Dupontel
Au revoir là-haut est la meilleure dénonciation que j’aie jamais vue de la guerre et des bouleversements qu’elle suscite. Toutes les puissances qui y prennent part, finances, pouvoir, violence, y sont vivement éclairées.
Le film se déroule entre la dernière des atroces tueries, le 9 novembre 1918, et les années folles qui suivent l’armistice, le retour à l’arrière et la difficile reprise de la vie civile dans un monde en pleine mutation. Les intérêts des grandes fortunes et des industries multinationales qui mènent les guerres, le pouvoir des officiers - éventuellement sadiques et corrompus - sur les soldats dans l’armée, l’horreur de la souffrance physique, les pesanteurs remarquables des administrations, les soldats pris dans la saloperie ambiante, le désespoir et ses parades, les arnaques nées des situations, les amitiés et les liens, le goût de l’argent, la vie, la mort, les rencontres, composent la cavalcade des images et des évènements.
On est saisi par la profondeur de la réflexion, sans doute issue du livre que je n’ai pas lu. Dupontel à partir de ce livre, qu’il dit avoir absolument adoré et « volé », réussit avec quelques représentants des différentes couches de la population, à composer un tableau vivant de la France des années folles, à la fois cruel, parfois halluciné et hallucinant, parfois drôle, souvent touchant et sympathique : la mythologie de la Grande Guerre et de son après-guerre est totalement décapée, mieux, carrément éclatée, et, par la même occasion, cela vaut pour toutes les guerres. Les anciennes comme les actuelles.
Il faut aller voir Au revoir là-haut, je n’ai pas d’autre conseil à donner, déclaration aussi chaleureuse que brève. La critique dans Le Monde était un peu bêcheuse à l’égard du film, mais il est vrai que le journal avait encensé le livre de Pierre Lemaître à sa sortie. Rétrospectivement, je suis charmée que cette académie se soit offert le luxe de couronner un tel discours. Et, sans doute, vais-je lire le livre, dont l’écriture et le style ont su décrocher le Goncourt. Comme tout livre adapté, je le prendrai dans le bon sens, l’image d’abord, Albert Dupontel, avec ses acteurs attachants et ses frappantes images, m’ayant fourni les matériaux visuels et la merveilleuse vie propre au cinéma.