Paris

89 articles

  • Pas si joli que ça Le Joli Mai, 2

    Blandans, mardi 7 mai 1940
    Pie XII prie pour la paix. Il savait dès le 4 mai que Hitler s’apprêtait à attaquer à l’Ouest et en aurait prévenu les Pays-Bas et la Belgique. Mais nous ne savons rien.
    Sinon, qu’à Blandans, l’attmosphère s’épaissit de plus en plus, les nouvelles plombent tous les repas et les débordent, on écoute les communiqués. J’ai l’impression que ce sont des mots un peu magiques, qui endorment ou fâchent. Les grandes personnes font des conciliabules, debout, dans les (...)

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  • En avant Le Joli Mai, 4

    Blandans, vendredi 10 mai 1940
    La tempête a éclaté au milieu des bols du petit déjeuner (Thé pour Tante Paulette, café au lait pour Maman, Paulette, Claudine et Bonne-Maman, phoscao pour moi) : les Allemands ont envahi les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique, comme ça, en fin de semaine. Effet de surprise énorme, pays officiellement neutres, donc particulièrement mal préparés. Je dis « effet de surprise », c’était une surprise pour les gens, peut-être, mais en fait, il y avait eu des (...)

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  • Madeleine Pauliac Le Joli Mai, 5

    À Blandans, en mai 1940, il y aura, dans le très proche avenir, bien inscrites dans mon souvenir, quelques dates très précises, dans l’atmosphère qui se détériore, un effritement général, dont tous les témoins adultes mobilisés (Marc Bloch) ou militaires de carrière (Charles de Gaulle) ont fort bien rendu compte au niveau de la nation. Mais à mon très petit niveau - 7 ans et pas d’expérience -, ce printemps est surtout flou et occupé, je ne le dirai jamais assez, par des discussions, (...)

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  • Qui vivra, verra Le Joli Mai, 6

    Paris, vendredi 15 mai 2020
    La radio ce matin : un festival de radotages ou de poncifs, sur n’importe laquelle des stations écoutées, séquelles psychologiques du confinement, querelle des masques répétée à satiété, pourquoi le gouvernement a changé de discours, pourquoi on en avait détruit, pourquoi en a-t-on donné aux Chinois en février, les masques vont-ils perturber le développement des enfants ? etc. Le bla-bla comme base de l’information. La palme du discours inutile, pour moi, est (...)

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  • Journal des Goncourt, 8 Suite et fin

    Les Goncourt ont traversé le siècle de Wagner, de Verdi et de Richard Strauss, sans beaucoup se préoccuper de musique, à laquelle ils étaient, semble-t-il, indifférents. Seuls ou à deux, ils vont rarement à l’opéra ou au concert et ils ne commentent pas ces sorties-là. Ils s’en fichent. Les Goncourt ont des yeux, mais pas d’oreille, du moins musicale. À peine Reynaldo Hahn mettra-t-il une fois les pieds dans le Grenier.
    J’ai beaucoup apprécié la biographie de Jean-Louis Cabanès et Pierre (...)

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  • Largement dépassée

    Belmondo est mort, lui qui était si gai et si profondément gentil. J’ai appris qu’il avait mon âge. Je l’ai vraiment envié d’avoir quitté ce monde qui devient si « dégueulasse », comme il a dit, mourant en tant que Michel Poiccard dans À bout de souffle (J.-L. Godard, 1960) sur les minuscules pavés de la rue Campagne Première.
    C’et fou ce que j’ai de mal à écrire ces temps-ci, je suis largement dépassée par la course au chaos et les incohérences. Du climat, je ne parle même pas, espaces (...)

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