2023 ?

À peine la neuvième dizaine sonnée, voilà qu’il me faut avaler une nouvelle année, pour l’instant blanche et plate, invisible, avec sa mécanique de tapis roulant, chargée de formes vagues et de débris de l’an passé.

Je fais l’expérience d’une nouvelle forme d’activité - vieillir - , plus réduite, plus sérieuse finalement, moins spontanée. À la longue, j’ai appris que tout est fragile et compliqué.

On peut encore faire des vœux : savoir compenser les pertes, espérer qu’il ne fasse pas trop chaud, que la paix règne là tout de suite, subitement et durablement parce que c’est terrible de penser aux soldats, aux morts, aux blessés, aux bombes et aux armes, à la bêtise et à la méchanceté humaines (dictateurs et pervers avides et bornés) difficiles à équilibrer par la gentillesse et le talent des autres.

J’aime bien regarder les photos de mes anciens voyages, et, à partir d’elles, repenser, sans nostalgie, avec le plaisir de se mouvoir dans la mémoire, aux paysages de l’Asie ou de l’Amérique, aux concerts dans les villes européennes, dériver vers la beauté de la Terre par rapport aux autres planètes, nos compagnes du système solaire, sur lesquelles on ne saurait vivre et qui sont, pour ce que les sondes nous en apportent, bien tristes, poussiéreuses ou gazeuses, brûlantes ou glacées, presque mortes ou agressives, pas pour nous.