Merci à La Périchole Un monde léger dans un monde de brutes

Entre les horreurs et la brutalité des relations géopolitiques et l’exaspération que me donnent le monde numérique et l’« intelligence artificielle » envahissants, je suis hélas bien servie : tous les jours vingt-quatre heures sur vingt-quatre, on ne sort des bombes, des missiles et des mensonges poutiniens que pour tomber sur les désastres climatiques, les incohérences de la Coupe du Monde, sur les aigreurs de Metoo, sur un monde politique qui s’étouffe dans ses contradictions, sur des boîtes vocales bornées et faussement enjouées, sur des attentes cinglées pour les moindres rendez-vous administratifs ou médicaux, sur les écolos qui se collent aux tableaux et aux décors, etc. Je pourrais râler pendant des heures.

Aussi, quel agrément, dimanche dernier, de me trouver au Théâtre des Champs-Elysées, pour voir La Périchole (1868). Jacques Offenbach est un genre musical à lui seul, une grande culture mise au service de l’opéra, une tendresse certaine à l’égard de ses personnages, un incroyable maniement de la langue française qu’il désosse ou enroule dans sa musique. Les dialogues parlés ont, eux, été rajeunis par Agathe Melinand et ils font rire. Ses œuvres fonctionnent comme une sorte de régénérescence et de détente pleines d’esprit. .

Merci à lui d’avoir eu tant de légèreté, tant de grâce dans ses jeux de musique et de vocabulaire, merci à Marc Minkowski et aux Musiciens du Louvre de lui avoir donné cette allure claire, vivante et presque endiablée qui lui convient si bien. Les chanteurs sont tous excellents, et mis à part quelques costumes modernisés d’une grande laideur (celui de la Périchole notamment, avec ses affreux bas résille), l’histoire de la séduisante chanteuse des rues, la "chienne métisse" (perra chola), se déroule sans accroc dans un Pérou colonial de fantaisie en mêlant réflexions profondes sur la vie du peuple et des soi-disants grands de ce monde, sur les liens d’amour et sur la liberté, entre le rire et le sourire. On applaudit beaucoup, on sort ravi.

La distribution, le soir où j’ai assisté à la représentation, était la suivante (excellente)
Marc Minkowski | direction
Laurent Pelly | mise en scène et costumes
Agathe Mélinand | adaptation des dialogues
Chantal Thomas | scénographie
Michel Le Borgne| lumières
Jean-Jacques Delmotte | collaborateur aux costumes

Marina Viotti , La Périchole
Stanislas de Barbeyrac | Piquillo
Alexandre Duhamel | Don Andrès de Ribeira
Rodolphe Briand | Le Comte Miguel de Panatellas
Lionel Lhote | Don Pedro de Hinoyosa
Chloé Briot | Guadalena / Manuelita
Alix Le Saux | Berginella / Ninetta
Eléonore Pancrazi | Mastrilla / Brambilla
Natalie Pérez | Frasquinella
Eddy Letexier | Le vieux prisonnier / Le Marquis de Tarapote (rôles parlés)
Mitesh Khatri | Le premier notaire (membre du chœur)
Jean-Philippe Fourcade | Le deuxième notaire (membre du chœur)
Figurants Valérie d’Antochine, José-Maria Mantilla Camacho, Wadih Cormier, Antoine Lafon, Yvon-Gérard Lesieur, Pascal Oumakhlouf, Xavier Perez, Clara Rozzi

Les Musiciens du Louvre
Chœur de l’Opéra National de Bordeaux | direction Salvatore Caputo

Opéra chanté en français, surtitré en français (chants uniquement) et en anglais (chants et dialogues)