On prend les mêmes et on recommence

Haute flemme

Non, les choses dans un pays, ne tombent pas toutes rôties du ciel. Il faut des gens qui s’en occupent. Et payer des impôts selon ses capacités. Sinon, vous n’auriez bientôt plus ni routes, ni bus, ni école, ni impôts, en effet, ni aide sociale etc. La santé politique d’un pays se mesure, entre autres, au nombre de ses citoyens actifs.

80% des jeunes de 18/24 ans continuent à penser que voter n’est pas leur affaire et qu’il leur suffira de descendre dans la rue en criant leur soi-disant « colère » d’une manière magique, quand cela leur plaira.
Et presqu’autant des 25/35 ans.

Au total, deux Français sur trois (65,7%) ont donc continué à compter sur les autres pour faire le boulot à leur place : ils n’ont rien modifié au soin de leur nombril - royaume des selfies sur plages et terrasses -, rien modifié à l’emploi de leurs neurones - encéphalogramme politique presque plat, avec ronchonnement de fond et quelques bouffées de « colère »- , surtout ne pas savoir qu’il y a un intérêt commun, un bien public, des choses publiques, des devoirs et des droits qui ne sont pas dissociables si on veut qu’ils durent longtemps, pas de liberté sans un brin de contrainte. Pas d’individu sans société. Les gilets jaunes ont été leur caricature, ils ont gêné, crié et cassé, mais ont refusé de faire quelque chose de constructif, et notamment de se présenter aux élections.

Les commentateurs ont surtout parlé des élections futures et passées, déjà obnubilés par la présidentielle de 2022, et, au lieu d’expliquer les enjeux assez simples - précisément le quotidien, aller au travail, prendre le train ou le bus, etc - de l’élection présente, ils répétaient qu’elle était compliquée, voire « mystérieuse » : j’ai entendu vingt fois des journalistes paresseux dire que « le scrutin n’est pas clair, » que « les gens » ne savent pas « pour quoi on vote ». Sans le leur expliquer.

Question d’échelle

Non, les compétences des régions et des départements ne sont pas des « mystères », et si vous n’avez pas envie de vous plonger dans la Constitution, vous pouvez vous reporter sans fatigue sur wikipedia qui l’explique plutôt bien.

Sans raffiner outre mesure, pour organiser le travail sur le territoire de notre pays, il y a deux échelles de maillage, la région et le département :

— l’aménagement du territoire, le tissu économique (commerce, industrie), les transports interurbains, l’enseignement secondaire (lycées) sont projeté, étudiés ou déterminés par les élus des assemblées de régions pour assurer une cohésion territoriale en lien avec les enjeux de la France en Europe et dans le monde ;
— à l’intérieur des régions, on passe à l’échelon plus restreint du département (découpé lui-même en cantons), les assemblées et commissions traitent des des collèges, des transports scolaires urbains ou locaux, de l’aide sociale (RSA etc) ; au niveau des départements, les élus sont au plus près en somme du citoyen de base.
Et quand on veut peigner encore plus fin, on aura à faire d’autres élections, les municipales (qui ont eu lieu l’année dernière), par agglomérations.
Tous participent à des tamis territoriaux, chacun son rayon, chacun sa compétence, une sorte de pyramide de responsabilités.

Plutôt que d’envisager de voter sur son téléphone (je suis pour le rite du vote dans les bureaux de vote, avec isoloir et urne, c’est un contrat, pas un achat de chaussettes), il faut assurer dans toutes les classes un enseignement sur ces institutions étagées : pas de la morale civique, mais de l’organisation civique. D’accord, les intercommunalités compliquent un peu la sauce. Sur ce plan, on pourrait envisager une révision de la Constitution, au lieu de parler de "mystère".

On a reconduit les sortants

Les plus vieux des citoyens sont allés voter, ils ont voté pour ceux qui ont fait le boulot pendant six ans dans les régions et les départements. Ils ont reconduit ceux qui ont étudié et veillé sur les transports, les lycées ou les collèges, les réseaux économiques, en réunissant des commissions, en préparant et en votant des budgets, en préparant et en signant des contrats, en facilitant ou non des embauches, des aides, gérer les faillites, etc.
Mais deux Français sur trois ont préféré être méfiants, jaloux, soupçonneux et « en colère », jouer flemme et selfie plutôt que d’étudier les choses publiques en face et de près, ils auraient pu contribuer au lieu de débiner ou de dormir.

Donc, pour ma part, félicitations aux sortants. Ils n’ont pas volé leur succès, ils retrouvent leurs boulots astreignants, leurs éventuelles indemnités proportionnelles à la population qu’ils ont en charge, leur responsabilité. Merci à eux de faire le travail. Espérons qu’ils le feront pour l’amélioration de la vie en commun.

En avant !

J’oubliais l’évènement favorable du week-end : le Tour de France a commencé, pour mon plus grand bonheur. Mathieu van der Poel, de l’équipe Alpecin-Fenix, a gagné hier dimanche la 2e étape, il roule en jaune aujourd’hui, il en pleurait de joie, il est le petit-fils de Poulidor. Gloire et bonne chance à lui.