Ça sature ! Chronique d’un printemps 25
Paris, mercredi 8 avril 2020
J’ai envie d’une pause réelle, les radios sont toutes plus anxiogènes les unes que les autres, RFI comprise, avec les nouvelles épouvantable des USA ou de l’Afrique, sur le plan sanitaire ou social.
Ras-le-bol, cet abruti de Philippe Martinez et son appel à la grève générale à partir de demain dans le commerce - seuls ceux de l’alimentation sont ouverts -, quelle bonne idée ! Ajouter une crise alimentaire, voilà qui serait génial. Battons-nous devant les magasins, c’est ce qui se passe déjà dans certaines villes d’Inde ou d’Afrique, sans qu’il soit besoin de grève générale. Il n’a rien compris à la crise. Toujours le combat pour le temps d’avant, voir les conditions de L’étrange défaite, où les Français faisaient une guerre de position, répétant celle de 14-18, avec les blockhaus de la ligne Maginot trop courte, et les Allemands une guerre-éclair moderne, chars, autos-mitrailleuses, motos, avions.
Statistiques, prévisions, Wuhan, déconfinement et confinement, hôpital, masques, attestations, etc., ras-le-bol. Juste rien, pendant quelques heures.
On verra demain, comme dirait Scarlett O’Hara.
Blandans, lundi 8 avril 1940
Pour dire quelque chose, je vais raconter une promenade qu’on faisait souvent : peut-être que la veille, pour le congé du dimanche, nous étions allées en vélo à Baume-les-Messieurs, voir si les cascades, qui sont au fond de la magnifique vallée - une reculée, comme on dit techniquement -, sont à flot avec le printemps. Ces cascades forment un petit cours d’eau qui, à Nevy, rejoint la Seille sortie elle-même du creux de Ladoye, une autre reculée : la Seille est une petite rivière glacée, qui, faute de pente, fait des coudes - ce qui s’appelle un tracé en baïonnette - entre sa naissance à Ladoye, Voiteur puis passe sous la route ou le pont du chemin de fer, plusieurs fois, de Domblans jusque vers Bréry, avec de profonds trous d’eau verte ; entre les trous d’eau, elle court, dix centimètres d’eau sur de gros galets, en favorisant parfois des îles pleines de grandes feuilles, de rats d’eau et de lézards verts. Près de sa source, elle est enjambée par de très jolis petits ponts en dos d’âne. Bien plus loin, la Seille se jettera dans la Saône.
L’été, on va y pêcher des petits poissons - des vairons - depuis le pont du Gué-Farou, sur la route de Bréry. Maman et Claudine sont d’une habileté redoutable à ce sport. Moi, assez nulle. Paulette ne participe pas. On les mange en friture. Au printemps, ce n’est pas encore la saison.
A Baume, on a un jour visité les grottes d’où jaillissent les cascades, des grottes très profondes et très belles, une peu aménagées, sol glissant, quelques passerelles de ferraille brinquebalant sur des gouffres : j’ai eu horreur de cela. Une seule idée, ressortir et ne jamais, plus jamais, recommencer. Peur de grottes, vertige. Ad vitam aeternam