Hiroshima
J’écoutais paresseusement France Culture,« La grande table d’été », et soudain, j’entends une nouvelle, une vraie nouvelle, de celle qui vous fait bondit du canapé. Qui vous redessine un avenir proche : le mercredi 16 août est la date de sortie du film que Jean-Gabriel Périot vient de terminer sur Hiroshima.
Le 72e anniversaire des bombardements (Hiroshima, 6 août, et Nagasaki, 9 août 1945) ayant été certes présent dans les médias et à la télévision, mais discret, je me trouvais assez seule, avec quelques autres, à penser à cet évènement qui inaugure, de façon révoltante, irréversible et irrévocable, l’ère atomique.
Ce moment de l’Histoire a quand même été une de mes grandes obsessions (j’avais 12 ans en 1945), un de mes grands sujets de travail sur l’image cinématographique, pendant des années [1] et il me semble que je suis toujours dehors, devant la chose. J’ai eu beau y aller, je persiste à tourner autour de l’évènement. En disant « Tu n’as rien vu à Hiroshima », le Japonais d’Hiroshima mon amour, (Marguerite Duras, Fr. 1959) avait raison. Tort et raison. La ville actuelle, neuve bien sûr, charmante, subtropicale, parle. Mais on y saisit ce qu’on peut. On reste interdit, et ce terme revêt, ici, tous ses sens très fortement.
C’est difficile de toucher, de voir, de respirer, dans un espace qui a subi l’instant scandaleux pour l’éternité, le bombardement délibéré en août 1945 par les Américains sur ordre de Truman, l’effroyable violence sur des êtres humains, à la fois brutale et longue, injustifiable. Impardonnable.
Après avoir vu Une jeunesse allemande qui m’avait profondément touchée, j’ai grande hâte de voir comment Jean-Gabriel Périot, avec son cœur et son intelligence, fait vivre les éclats tragiques de la mémoire et de l’injustifiable.
RV dans la semaine, pour des impressions.
Notes
[1] Pour mémoire, cf L’Apocalypse nucléaire et son cinéma, Paris, éd. du Cerf, coll. 7e Art, 1988