L’été 23 à Paris, 3e semaine de juillet

Pour l’instant, la canicule mondiale épargne la ville, sauf certains jours, de brèves vagues qu’on supporte péniblement en sachant que ce ne sera pas trop long. La fameuse canicule de 2003 était dans la première quinzaine d’août, j’avais vingt ans de moins et j’en garde un souvenir affreux.

Tour de France

Je ne regarde presque plus le Tour de France, car, là, il y fait beaucoup trop chaud : je suis, comme l’an passé, scandalisée par l’organisation de la course. Le trajet ne privilégie plus que les étapes de montagne hérissées de cols épuisants, qui transforment les spectateurs en sadiques, agitant des drapeaux ridicules devant les coureurs comme s’ils étaient des taureaux dans une arène, au risque de les faire tomber (et ils y parviennent). Mon attention et mon cœur, le soir venu, se portent sur les résultats pour voir si mon favori, T. Pogacar, reste en piste. Mais je boycotte la retransmission. Je ne veux pas être un Romain de plus dans les gradins. J’espère que l’année prochaine, la course prendra en compte les changements climatiques, que les horaires et le calendrier seront changés, qu’on n’assistera plus au risque quotidien de la mise à mort de ces sportifs vaillants.

Lire ou relire Kundera

En juin, j’avais entrepris de relire les deux ou trois Kundera que j’avais lus autrefois, fin des années 70, et années 80. J’en gardais un souvenir aussi vague qu’enchanté. Impossible de me rappeler pourquoi je l’avais aimé. Qui étaient les héros ? Quel était le cadre ? La forme ? L’auteur de La Plaisanterie était-il vraiment drôle ?
Pendant que je poursuivais la (re)lecture (j’avais achevé L’Insoutenable légèreté de l’être, et je commençais La vie est ailleurs), voilà que Kundera est mort à Paris, le 11 juillet.
En fait, quand j’avais commencé à le relire un mois auparavant, j’avais été surprise de voir qu’il était vivant. Naïvement, je le croyais beaucoup plus âgé que moi, puisqu’il était infiniment plus célèbre. Or, c’est mon contemporain, il est né en 1929, trois ans et demi de plus que moi, c’est un homme de l’entre-deux-guerres.
Tout le monde de la culture et de la politique s’est mis à gratter sa lyre (avant de passer rapidement à Jane Birkin, morte le 16 juillet). Par moments, cet éloge massif a été plutôt creux, et ne m’apprenait rien, mais parfois, si ; ainsi, ce fut très amusant hier soir dimanche 16 juillet, de revoir dans l’émission de LCP Rembobina, les rares apparitions de Milan Kundera à la télévision française : une fois avec Roger Grenier en octobre 1968, juste après le printemps et le coup de Prague ; et la dernière fois en 1984, à Apostrophes, chez un Bernard Pivot tout jeune, avec Simon Leys et Martin Nadaud.

En ce qui me concerne, je vais relire tout ce que je peux. Et suivre le conseil de l’auteur : ne pas en parler, ne rien écrire sur lui qui vise à le caser, le cadrer, le décrire. Seulement le lire. Il avait horreur des étiquette, des répartitions et des questions binaires. Sa lecture me plaît infiniment. L’amour, la famille, le monde, le pouvoir, la grandeur et la petitesse, la condition humaine, les relations, le désir, la vie, la mort, la ville, la campagne, la souffrance, la peur, et bien plus, bref, tout ce qui nous intéresse y figure dans une analyse souvent ironique, avec une capacité d’évocation étourdissante et luttant contre toutes les idéologies.