L’été 23, un moment loin de Paris : l’art, la guerre et la mémoire

Le silence, l’expérience et la réflexion

Je quitte un peu notre monde égaré et bavard, pour signaler sur ce site un article d’Andrea Grunert, docteur de l’Université de Nanterre (une thèse remarquée sur Clint Eastwood dont elle est la spécialiste incontestée), professeur à l’Université Protestante des Sciences Appliquées de Bochum en Allemagne.

Au cours de ses propres études ( où j’ai eu le plaisir de faire sa connaissance) et de sa carrière d’enseignante et de chercheuse, elle s’est préoccupée, entre autres thèmes, des rapports de l’art et de la guerre ; dans ce texte à la fois concis, précis et sensible, elle relate une expérience faite par elle au Japon, il y a quelques années : elle s’est rendue, par le train, seule, au musée Mugonkan à Ueda ; elle raconte les circonstances de la création du musée, rappelant les trajectoires personnelles des créateurs et la présentation physique et matérielle du lieu, qui regroupe des œuvres et des objets personnels des artistes-soldats morts au combat pendant la Deuxième guerre mondiale, qu’ils ont donc illustrée à chaud avant d’y perdre leur vie.

Elle analyse avec une extraordinaire efficacité la complexité des attitudes des contemporains et de leurs descendants au fil du temps : victimisation, culpabilité, éloge de la paix, horreur de la guerre, fragilité du temps, des personnes et des choses se dégagent ou non pour les visiteurs présents dont elle fait partie. Allemande, elle connaît bien la situation et montre, avec délicatesse et justesse les différences de réactions entre l’Allemagne et le Japon à l’égard de la période et des actes de la guerre.

Ce très bel article est paru dans le Journal du Japon, et il est à mon avis indispensable pour comprendre les relations de l’art, de la guerre et de la mémoire ; il est illustré et contient des références bibliographiques essentielles.
J’en rappelle le lien, on le trouve dans mon premier paragraphe ou en cliquant ici.

Je renvoie aussi au site personnel d’Andrea Grunert, pour la liste impressionnante de ses ouvrages et articles (écrits directement, selon les journaux où ils sont parus, en allemand, en français ou en anglais et même en polonais).