Eté 23, suite

Je suis largement dépassée par les évènements : depuis huit jours, c’est la nef des fous, entre le coup d’état avorté de Prigojine, l’Afrique toute déséquilibrée par le devenir imprévisible des groupes Wagner, et puis, mardi, rétrécissement du champ, plan serré sur un jeune homme de Nanterre au volant d’une grosse Mercédès jaune canari, (louée avec quel argent et quel permis ?), « refus d’obtempérer », un policier qui tire sur lui, il meurt, il a dix—sept ans, enquête (justifiée pour le moins), les « violences urbaines » s’en sont suivies, pendant que le temps rafraîchit momentanément par vent d’ouest, et que les incendies du Canada voilent un peu le ciel européen. Ah oui, la rue Saint-Jacques : on a découvert encore une victime de l’explosion que le spectateur gavé a dejà presque oubliée.

De jeunes casseurs français, de leur plein gré ou peut-être manipulés, sévissent en France depuis lors ; la classe politique se divise, des intellos français essaient gravement de justifier « la colère » par les inégalités, mais les cibles visées, les actions, les incendies de rues, d’autobus et de casernes de pompiers ou de maisons de maires et d’élus, de médiathèques et d’écoles, le pillage de magasins Apple, Nike ou de bijouteries, les saccages d’abribus et de distributeurs, ne sont que brutalité et bêtise. Je suis remplie de tristesse et d’indignation. Au marché, hier, tout le monde était comme moi. Une mort est toujours triste, et aucun dégât ne la répare. Au contraire.

Hier, Ier juillet, le Tour de France a commencé en Espagne, on pouvait admirer les paysages du Pays basque, les forêts, les falaises, les universités et le Guggenheim, on voyait des gens contents, d’autres qui pédalaient, d’autres qui applaudissaient. Adam Yates, coureur britannique de trente ans, a été vainqueur de l’étape à moins d’un dixième de seconde (00’08’’) devant son frère jumeau. Il a endossé le maillot jaune.

Par deux fois le peloton a traversé Guernica, ses immeubles de brique, son arbre antique et le souvenir de 1937, le saccage de la ville par l’aviation allemande et italienne au service de Franco, l’œuvre de Picasso.

Trois semaines de Tour de France. Des après-midis devant la télévision en perspective, intéressantes j’espère. Sans préjuger de l’avenir, bien entendu.