Pause Chronique d’un printemps 13

Paris, vendredi 27 mars 2020

Aujourd’hui, je décide de faire un jour de pause, je suis saturée des nouvelles de la pandémie, saturée des stations de radio, saturée des conseils aux confinés.
Hier soir, à la télé, l’installation de morgues de secours en plein dans les rues sales et étroites de New-York, m’a achevée, pendant que le Dow Jones artificiellement dopé par les milliards sur ordre de Trump, avait l’indécence de « monter ».

Dans les infos de ce matin - ces bribes qu’on ne réentend pas dans la journée - , j’ai entendu que la CGT pensait à organiser une grève en avril ?
Oh ?
Humour de Martinez ? Ou j’ai carrément mal entendu ?

J’ai vu avec étonnement dans mon calendrier que ce week-end marquait le retour de mon ennemi personnel, le changement d’heure, quelle horreur, le retour à l’heure d’été, oui, c’est pour ce dimanche.
Je vais donc passer le temps en 1812, à Moscou.
Ou sortir un petit moment acheter trois bricoles et peut-être du pain, dont j’ai presque oublié le goût.

Blandans, mercredi 27 mars 1940.

Ce serait peut-être un jour à aller aux asperges des bois, aux grougnots et aux pissenlits ; à moins qu’il ne pleuve, de cette pluie du Jura, en rideau, acharnée et dense, un jour à sortir les crayons de couleur, où Paulette se lance dans la confection de petites poupées de papier, qu’elle dessine sur du bristol que ma grand-mère demandait à l’imprimeur de Domblans, M. Benoît. Ensuite, on les découpait, puis on leur faisait des vêtements en papier plus fin, feuille 21 x 27 repliée en deux, pour ménager la possibilité de découper une encolure une fente dans le dos qu’on passerait ensuite aux poupées elles-mêmes. Elles pourront ainsi changer de vêtements, selon les saisons et les circonstances. On en faisait des familles entières, on leur donnait de prénoms. On s’amusait beaucoup à raconter leurs histoires qu’on inventait au fur et à mesure.

À demain ! Ou, qui sait, à plus tard ans la journée.