Sculpture
6 articles
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Retour d’Iran 1 De Téhéran à Kermanshah
Je pars dans une contradiction complète, je suis profondément désireuse de me confronter à la réalité de ce pays auquel je rêve depuis 70 ans, mais j’enrage de devoir me déguiser en touriste musulmane, voilée et fagotée - et donc d’accepter la scandaleuse exclusion, la misère intellectuelle et sexuelle dont ce déguisement est le symbole. Je vais devoir me plier momentanément à « la mode » et au mode de pensée de la république islamique, tout cet ensemble de contraintes a failli me conduire plusieurs fois (...)
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Retour d’Iran 2 De Kermanshah à Chiraz
Mercredi 16 avril 2014, Kermanshah - Suse - Tchoga Zambil - Nuit à Ahvaz.
Je pars pour Suse, et je descends dans la plaine de Mésopotamie, toutes choses que je croyais ne jamais pouvoir réaliser. J’y vais, ce n’est pas un rêve, ce n’est plus un projet, ce n’est pas un souvenir, c’est le présent, je roule vers Suse dans mon car mauve. C’est le passage de notre circuit à Suse qui a emporté cet hiver ma décision, ce mot est, comme Ninive ou Babylone, des noms fabuleux, qui peut-être n’existent pas, (...) -
Retour d’Iran 3 Chiraz, Persépolis, Naqsh-e-Rostam, Firuzabad
Vendredi 18 avril 2014, Persépolis, Naqsh-e Rostam, Chiraz.
Le petit déjeuner à Chiraz a lieu dans la salle à manger assez sombre du Ier étage, où l’on accède par un escalier en large volute, et non par l’ascenseur : il y a du pain absolument délicieux et que je ne retrouverai pas les jours suivants. Le reste est bon. Le fromage blanc notamment. Le thé, à moitié. J’en bois désormais dans ma chambre, profitant de la bouilloire, en me levant de bonne heure : je sirote dans mon lit au moins trois tasses, si (...) -
Victor Puiseux, 14. Terre et ciel
La mort compagne de la vie
La mort de Paul a dû désoler, profondément, durablement, la famille proche et plus éloignée.
Elle me désole aussi, car après l’avoir privé de Laure, la mort se met à frapper Victor dans ses enfants, à lui enlever ce qu’il a construit avec elle et à travers qui elle demeurait vivante. Pierre et André se retrouveront seuls après 1874, comme dans ce nursery rhyme implacable, cette petite chanson enfantine des Ten little nigger boys qui disparaissent les uns après les autres . (...) -
Jean Fautrier (1898-1964) Musée d’art moderne de la Ville de Paris
Matière et lumière
Je croyais connaître Fautrier. Je me disais, oui, ce doit être un peu le genre de Braque, bref, non, je ne connaissais pas, pas du tout. En fait je savais juste son nom, et sa période (1898-1964). Sa singularité m’a donc sauté aux yeux.
Les salles, toujours magnifiques, du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, accueillent une rétrospective de ce peintre très original, très secret, à la vie mouvementée et heurtée, avec une enfance marquée par des pertes successives, qui l’ont (...) -
« Baselitz – La rétrospective » Paris, Centre Pompidou, jusqu’au 7 mars 2022
Baselitz, dans ma tête, était associé à des œuvres assez démesurées, tableaux ou sculptures, admirées notamment à Pantin chez Thaddeus Ropac. J’avais le souvenir d’avoir eu le souffle un peu coupé, par une sorte d’énormité (au sens étymologique, « hors norme », vraiment), une certaine sauvagerie, aucun souvenir des thèmes, ni même des couleurs. Baselitz, c’était « grand », on était tout petit, mais c’était surtout le désir d’en savoir plus : comment cette énormité était-elle née, avait-elle toujours existé ? Une (...)