Corps et Corps célestes

Censure

Nous marchons le nez masqué sur le trottoir sans rien savoir d’un futur démasqué, pendant que les ligues de vertu se succèdent sur les plateaux : hier sur France 5, dans C à vous vers 7 heures du soir, Anne-Elisabeth Lemoine et Patrick Cohen recevaient Me Hervé Termine, l’avocat de Richard Berry : il s’étonnait auprès des deux animateurs qu’un film où joue Richard Berry ait été très récemment déprogrammé sur la chaîne sœur France 3 ; il espérait que ce n’était pas en relation avec sa mise en cause dans une affaire d’inceste ; étonnements de Cohen et Lemoine ; ils font une rapide enquête ; après quelques tâtonnements, on a appris hélas que oui, c’était en relation avec le dépôt de plainte pour agression sexuelle de la fille du comédien, pour ne pas troubler les spectateurs, d’apporter de la confusion : ?? [1] . Cette autocensure de la part de France 3 est révoltante, on voit le monde où nous tombons tous les jours, d’autant que les associations victimaires et les #tags qui fleurissent nous jettent dans un monde de dénonciation, voire de délation, leurs divers libellés me déplaisent profondément .

France Télévisions se doit de traiter en adulte ses spectateurs : quels que soient les micmacs judiciaires des acteurs ou auteurs de films, je ne veux pas de censure préalable qui décide pour moi surtout si cette censure s’assied sur le principe fondamental de la présomption d’innocence. L’embarras des deux animateurs était visible, ils essayaient assez piteusement de défendre la position, indéfendable, de la chaîne. C’était, de leur part, lamentable.

Corps célestes

Dans l’après-midi, j’avais levé le nez, fui le coronavirus ou les alcôves, j’avais écouté l’émission économique de France Culture, Entendez-vous l’éco. J’avais même, à cette occasion, carrément décollé : on y parlait de la Lune.

Philippe Akilleas, professeur de Droit public à l’Université de Paris-Saclay, directeur de l’Institut du Droit, Espace Technologies, directeur du Master des activités spatiales et des télécommunications à l’Université de Paris-Saclay, y parlait du droit qui régit « les corps célestes ». .

J’y ai appris - ou réappris - les choses suivantes : en 1967, l’ONU avait voté le traité pour protéger l’espace, de l’appétit de propriété des humains. C’était deux ans avant les « petits pas » des Américains sur la Lune : comme pour l’Antarctique, il était convenu de déclarer l’Espace et les corps célestes qui l’occupent propriété de l’humanité, nul - État ou individus- ne pouvait en revendiquer la propriété. On y travaillerait pour la science et la paix.

Le préambule se termine ainsi :
« On peut considérer que le Traité de 1967 sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes fournit une base juridique générale pour les utilisations pacifiques de l’espace et constitue un cadre pour le développement du droit de l’espace. On peut dire que les quatre autres traités sont axés plus particulièrement sur certains concepts figurant dans le Traité de 1967. Les traités relatifs à l’espace ont été ratifiés par de nombreux pays et beaucoup d’autres en respectent les principes. Étant donné l’importance de la coopération internationale en vue de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques, l’Assemblée générale et le Secrétaire général de l’ONU ont invité les États Membres de l’Organisation qui ne sont pas encore parties aux traités internationaux régissant les utilisations de l’espace à les ratifier ou y adhérer le plus tôt possible.
La présente publication vise à rassembler de nouveau en un seul volume les cinq traités relatifs à l’espace extra-atmosphérique adoptés à ce jour par l’Organisation des Nations Unies ainsi que les cinq séries de principes.
Le Bureau des affaires spatiales espère que le présent recueil pourra servir utilement de référence à tous ceux qui s’intéressent aux aspects juridiques de l’espace extra-atmosphérique. »

On peut lire intégralement ce traité récapitulatif sur la toile, il suffit de cliquer ici.

En 2015, Obama - oui, Obama - s’est penché sur ce texte « de référence » et en a modifié l’interprétation.
Comme c’est une grosse affaire, la suite est au prochain numéro, c’est-à-dire, très vite, demain, car en fait, l’affaire galope.

Notes

[1France 3 ajoute le 17 février qu’ils ne veulent pas « perturber les démarches juridiques » en cours, alors même qu’en déprogrammant, ou simplement en « décalant » la programmation, ils prennent parti.