Rétrospective Polanski Les folies d’une censure galopante
Je suis très choquée de la pétition lancée par un collectif de féministes contre la rétrospective Polanski à la cinémathèque. Si des actes privés de Polanski sont choquants, les signataires de cette pétition n’ont aucun droit, à s’ériger en juges culturels et à interdire que l’on montre des films très remarquables : chacun peut juger s’il a envie ou non de les voir. Ras-le-bol de la censure, féministe ou autre.
Depuis quand demande-t-on un certificat de bonne vie et mœurs pour voir, pour entendre, pour lire ? Un casier judiciaire à l’entrée des œuvres au musée ? Qu’en est-il du droit des gens à disposer de leur intellect ? Les peintures du Louvre et les bouquins la BNF vont-ils bientôt passer au crible de ces positions d’une censure outrancière et stupide ?
Il me semble que cette réaction relève d’un goût de la dictature morale et d’un obscurantisme digne de celui des pires puritains ou des plus bornés des talibans.
J’approuve absolument le projet de la Cinémathèque et le communiqué, signé entre autres par Costa-Gavras, président de l’organisme culturel, par lequel la Cinémathèque annonce ne vouloir « se substituer à aucune justice » et affiche son « ambition » de « montrer la totalité des œuvres des cinéastes et de les replacer ainsi dans le flux d’une histoire permanente du cinéma ».
J’approuve entièrement Françoise Nyssen au micro de France Inter. « Il s’agit d’une œuvre, il ne s’agit pas d’un homme, je n’ai pas à condamner une œuvre ».
Je signale au passage la position intelligente et mesurée de Juliette Binoche dans ce déferlement actuel contre les hommes, qui, par moments, colore franchement le sexisme, en soi déjà stupide, en racisme : à quand les autobus coupés en deux et les wagons de métro estampillés H ou F...
Je termine en aggravant mon cas auprès des maniaques de la censure féministe : j’aime beaucoup Roman Polanski.