George Romero et Martin Landau

Les vivants, les morts-vivants, le cinéma et la science-fiction sont en deuil, avec une double disparition : le comédien Martin Landau et le réalisateur George Romero nous ont quittés à un jour de distance, les 15 et 16 juillet 2017.

Matin Landau, je le revois, il avait alors trente ans - c’était son deuxième rôle -, anguleux, tragique, dans le personnage de Leonard ( La Mort aux trousses, North by Northwest, Alfred Hitchcock, 1959), secrétaire ambigu et homme de main épris de son patron, l’espion Philip Vandamme (lui-même incarné par James Mason), et finalement vaincu. Leur relation et la jalousie de Leonard étaient suggérées avec la discrétion qu’imposait l’époque. Le cadre, la maison imaginaire de Vandamme, pur décor inspiré de Frank Lloyd Wright, convenait parfaitement à la grande silhouette de Martin Landau.

En dehors de la série Mission Impossible, où chacun se le rappelle, il a joué le rôle du Commandant Koenig, sur la base lunaire Alpha, dans Cosmos 1999, une série de science-fiction, quasi philosophique, qui a déployé en deux saisons (1974 et 1975) les espoirs et les dangers de l’espace comme conquête économique et sociale. 1999 paraissait alors loin devant nous.

George Romero avec La Nuit des Morts-Vivants (Night of the Living Dead, 1968) a propulsé ce mythe dans les grandes salles de cinéma et attiré l’attention des critiques et des philosophes, le sortant des obscures séries B où, tout aussi séduisant, il était cantonné jusque-là.

Dans mon séminaire de recherches, nous avions travaillé sur ce mythe européen, revenu sur nos écrans par le biais des État-Unis, je ne vais pas me répéter, je me permets de renvoyer à un article issu de cette étude, et présenté lors d’un colloque international à Bruxelles.
Il est assez court [1].

Mais, à vrai dire, pour les morts-vivants comme pour l’espace, les travaux ne valent pas les images, le saisissement qu’elles procurent, ont procuré et procureront, les drames individuels, l’intensité des regrets, les entrelacs familiaux et sociaux qu’elles traduisent et présentent en noir et blanc ou en couleur. Sans doute, à l’occasion de la mort de Romero, ses films vont repasser en salle et à la télévision, il ne faut pas les rater.

En effet, le temps passé entre la sortie des différents films et notre époque apporte une couleur supplémentaire, une courbure tout à fait intéressante, qui change les points de vue et apporte des ombres, des lumières et des retouches, qui sont autant de plaisirs et de réflexions nouvelles.