Souriez, c’est l’été ?

1. J’ai fini un livre magnifique :
Bob Dylan - Une biographie, par François Bon (Aubier, 2007)
Je croyais Bob Dylan éternellement jeune et, de ce fait, bien plus jeune que moi. Et puis, j’ai découvert que, au moment de sa naissance, j’étais une petite fille de huit ans et demi, vivant pendant la guerre dans le Jura, : nous avons donc un certain nombre d’années en commun, pour des vies radicalement différentes.
Nous partageons un background, en somme. En le lisant, je retrouvais les Années Cinquante, Soixante. Les miennes, les siennes. Un après-guerre où tout s’ouvrait, où tout se dépliait. Un monde nouveau se construisait après une effroyable crise, celle des années Trente et Quarante. The Time They Are a-Changin.
Au final, une vie, des vies.
Tout au long de l’ouvrage, j’ai aimé et admiré la totale délicatesse avec laquelle François Bon s’approche du personnage qu’il découvre en train de se construire. Je le cite ;
« Difficulté permanente de qui tient ce récit : non pas accumuler les faits et la documentation, mais ramper soi-même d’une figure du temps à une autre, la laisser se recomposer. L’ivresse lente que parfois on prend. »
Je suis triste d’avoir fini, il me fallait bien ce secours de la lecture et le goût des poèmes rythmiques de Bob Dylan, le reste de l’actualité est comme une mayonnaise qui n’en finit pas de tourner.

2. L’attentat de Nice
Pas une seconde, je ne peux croire au côté religieux du mec qui a foncé dans la foule. Son camion n’était pas piégé, il ne criait pas le nom et la grandeur d’un dieu, il affirmait juste son immense égoïsme et son immense brutalité à l’égard des êtres humains.
Ensuite, déferlement de propos indignes de la part de la droite tout entière, le gouvernement aurait pu empêcher etc. Que je sache, les merveilleuses caméras de sécurité de Christian Estrosi n’ont rien prévenu du tout, ni sa police municipale. Qui aurait l’idée de soupçonner un chauffeur de poids lourd qui loue un poids lourd ?
Là où l’état islamique a réussi, c’est dans l’idée qu’il a soufflée et la permission qu’il a donnée à chacun de tuer. Tuer ceux qui vivent parce que le tueur a envie de mourir. « Je ne veux plus vivre, donc mourez ».
La toute-puissance pour les nuls.

3. La Turquie
Ce coup d’état était mal préparé. Peut-être un peu "soufflé" aux oreilles de ses exécutants par les services secrets, dans l’espoir de la gigantesque purge qui suit, sur tout ce qui bougeait encore dans l’opposition. Les chefs d’état approuvent, ils soutiennent leur "homologue" comme on dit, au nom de la démocratie.
La démocratie selon Erdogan ? De quoi rigoler si ce n’était pas si écœurant. Libertés enfermées, de plus en plus, partout.

4. La Syrie
Alep est totalement assiégée par les troupes de Bachar el Assad, aidé par la Russie et l’Iran : il n’y a plus aucune possibilité de communication ni de ravitaillement pour les trois cent mille habitants de l’Est de la ville, mais l’ONU n’a pas encore achevé de définir cet état, elle n’est pas tout à fait sûre que la ville est en état de détresse, dit-on. Qu’est-ce qu’il lui faut de plus ? Depuis le temps que ça dure ! Surtout si on pense qu’Alep n’est pas la seule ville de Syrie dans cette détresse, et que, une fois l’état répertorié par l’ONU, la situation en ville ne change absolument pas.

Chipotages minables contre brutalités ignobles.

Oui hélas, les temps ont changé, on est parti de l’autre côté du balancier. Y a plus de saison, ma bonne dame.

saisons
HP