Guerre

177 articles

  • Qui vivra, verra Le Joli Mai, 6

    Paris, vendredi 15 mai 2020
    La radio ce matin : un festival de radotages ou de poncifs, sur n’importe laquelle des stations écoutées, séquelles psychologiques du confinement, querelle des masques répétée à satiété, pourquoi le gouvernement a changé de discours, pourquoi on en avait détruit, pourquoi en a-t-on donné aux Chinois en février, les masques vont-ils perturber le développement des enfants ? etc. Le bla-bla comme base de l’information. La palme du discours inutile, pour moi, est (…)

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  • Bouchées doubles Le Joli Mai, 7

    Dans le réel, on ne va pas plus vite que la musique. Ainsi, aujourd’hui, c’est le 17 mai 2020. Je ne sais même pas de quoi il sera fait.
    En revanche, dans le récit du passé, on peut appuyer sur le champignon, hâter les événements, faire des impasses, des coupes : c’est pourquoi, au cinéma, les guerres ou les fins du monde sont si intéressantes, ramassées, pas de temps morts. Juste l’essentiel, les points d’étapes. Le décisif.
    Donc le printemps 1940 : aujourd’hui, trois dates, sans plus (…)

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  • À l’aventure Le Joli Mai, 8

    Je n’ai jamais revu la dame, ni sa horde de passagers et de bagages.
    Vers 2 heures de cette même nuit du 15 au 16 juin, ma grand-mère a reçu un coup de téléphone de la gendarmerie de Domblans, eux-mêmes venaient d’être prévenus par la préfecture que les troupes (lesquelles, étant donné la débandade générale et contre quels Allemands ?) se rassemblaient dans le coin : il risquait d’y avoir des combats dans les bois, vers Saint-Lothain, Frontenay ou Passenans, à 3 kilomètres. Les gendarmes (…)

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  • La vie devant soi Le Joli Mai, 9

    Trois semaines à l’hôtel Belledent, à dormir à trois dans un lit, à se laver dans des cuvettes émaillées et à trimballer des brocs d’eau froide qu’on allait chercher à la pompe, car le service était minimal, « sommaire » comme avait dit M. Cottin. Des propriétaires, j’ai peu de souvenirs, un jeune couple sans doute, ils avaient une petite fille de 3 ou 4 ans, Malou, qui jouait dans les allées du potager et demandait régulièrement à sa mère, avec son accent de Haute-Loire, « Eh, Maman, où que (…)

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  • Iphigénie, à l’Odéon-Berthier Chronique d’un automne 3

    Iphigénie, de Jean Racine, est rarement montée. On dit parfois d’elle qu’il ne s’y passe rien. Elle est jouée aujourd’hui, dans une mise en scène de Stéphane Braunschweig, jusqu’au 14 novembre aux Ateliers Berthier (Théâtre de l’Odéon). Les compte-rendus de la presse sont élogieux, parlant de la beauté de la mer projetée en arrière des spectateurs, cette mer qui « confine » la flotte grecque. La salle était en grande partie pleine hier, je ne sais quelle sera la répercussion du confinement (…)

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  • Après la mort de Jules, Journal des Goncourt, 6

    Les lignes consacrées par Edmond aux derniers mois et aux dernières heures de Jules à Auteuil sont bouleversantes. Elles évoquent à mi-mot leur maîtresse commune, Maria, une sage-femme, qui les a connus sans doute vers 1852, Jules d’abord, puis tous les deux, elle les a sans doute aimés, et beaucoup aidés, notamment au moment de la mort de Rose : c’est elle qui leur a appris la double vie de la pauvre femme.
    Depuis la mort de Jules, qui m’a beaucoup affectée, car je pense qu’il était le (…)

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