Maman, les petits bateaux
Mon dernier (dans le sens d’ultime) article sur le nucléaire et sa mythologie est sorti tout juste ce mois-ci chez Odile Jacob, sous le titre du colloque où il a figuré, Imaginaires nucléaires. J’en rends compte dans la partie Recherche de ce site, où on peut également lire ma contribution. On présente et analyse dans cet ouvrage les innombrables œuvres suscitées par la séduction et l’effroi causés par le pouvoir de l’arme nucléaire. Déballage de propositions, de jeux, de destructions, d’amoureux et de monstres, de dictatures, de morts, de ruses et d’éclairs en tout genre brodés à partir d’Hiroshima. Imaginaire, fils du désir [1].
La couverture du volume a certainement été choisie il y a plusieurs mois, elle a de loin précédé l’actualité de la crise des sous-marins [2] et les grands rivages inquiétants de la nouvelle géopolitique américaine profondément ulcérée par sa rivalité avec la Chine.
Aujourd’hui, je vois cette illustration - ce sous-marin à moitié sorti de l’eau, nouvelle Vénus - comme une chose qui s’est échappée, comme si elle avait été choisie dans un demi-rêve, une vague prescience, un air du temps inconscient avant le grand déballage de la propulsion atomique et ses suites possibles.
Où je n’ai pas du tout envie de me faire entraîner par l’oncle Sam et ses amis : AUKUS, comme ils s’appellent (sans rire).
Notes
[1] Cf « Qu’est-ce que l’imaginaire ? Des multiples réalités imaginales », Juremir Machado Da Silva, in Sociétés 2015/2 (n° 128), pages 115 à 124.
[2] C’est par ces termes que la presse parle de la décision de l’Australie de choisir des sous marins américains avec la technologie de propulsion nucléaire, en rompant brutalement son contrat avec la France en septembre 2021.