« Vingt ans après »

Le Liban : l’explosion effroyable qui a eu lieu dans le port de Beyrouth, mardi 4 août, m’a grandement peinée et, en même temps, replongée dans mes souvenirs de ce pays petit, gracieux et magnifique à la fois, que j’avais visité en 1999.

« Vingt ans après », c’est comme la suite des Trois mousquetaires, c’est toujours triste.

Je l’avais adoré, tout en y repérant des pratiques de commerce et de tourisme, qui m’avaient agacée. Et surtout, en y déplorant les ruines de la guerre civile (1975-1990).

Après la guerre civile, ruines d’un cinéma à Beyrouth, 1999
HPP

Je voulais y retourner, je ne l’ai pas fait.

Je sens encore dans ma bouche les plats délicieux, je vois toujours les ruines romaines dorées et somptueuses de Baalbek, les pommes de terre géantes de la plaine de la Beqa, les laides constructions du bord de mer, sur la côte, pour faire du tourisme de masse, les couleurs de la Méditerranée à Tyr et Sidon, les actifs Phéniciens, les cèdres antiques et ravagés, le départ de Didon, les escales de Chateaubriand dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, ce tour operator extraordinaire de l’Antiquité à nos jours, que représente un voyage au Liban, dans cet Orient, tenace, séduisant, où nous sommes tous passés, sans lequel nous ne serions pas, sans lequel nous n’écririons pas (de notre écriture alphabétique).

Le récent drame de cette ville, cette immense explosion due à l’inertie et à la rapacité, qui ruine la base même des valeurs du pays - l’échange, la culture -, me semble résumer assez bien, hélas, notre époque désolante.

Emmanuel Macron est allé hier témoigner des liens et des devoirs que l’humanité, en somme, a vis-à-vis de ce pays. Très bien (n’en déplaise aux râleurs étriqués et patentés).

Navire de commerce phénicien, Musée de Beyrouth
wikipedia