Les actualités cinématographiques allemandes, 1918-1933, inventaire et analyse. Positions de thèse (31 janvier 1978)

Positions de la thèse de Doctorat d’Histoire (3e cycle ancien régime) soutenue à Paris X, le 30 janvier 1978
Jury : MM. Philippe VIGIER, Pierre AYÇOBERRI, Marc FERRO (directeur de la thèse)
Mention T.B.

Intitulé : Les actualités cinématographiques allemandes, 1918-1933, inventaire et analyse.

6 tomes dactylographiés, Paris X-Nanterre et EHESS, 1978, 1234 pages (T. I , Présentation et analyse ; T. II, inventaire et description des sujets 1918-1926 ; T. III, sujets 1927-1928 ; T. IV, sujets 1929-1931 ; T. V, sujets 1932 ; T. VI, sujets sans date, index, bibliographie).

Les actualités mettent sous les yeux de l’historien une partie d’une réalité disparue : elles se présentent en machine à remonter le temps, livrant les visages, les déjeuners sur l’herbe ou les parcs à voitures d’une époque ; par ailleurs elles sont les témoins de la volonté consciente de ceux qui les produisent et les fabriquent et sont liées ainsi, étroitement, à la machinerie politique, économique et sociale d’un pays ; enfin, elles fonctionnent un peu comme l’inconscient d’une époque, en filmant, avec la scène ou le personnage central choisi, tout l’environnement de ce sujet sélectionné, environnement qui contredit parfois les affimations de l’image vedette.

Les tomes II à VI de la thèse ici résumée sont constitués des fiches relatives à chaque sujet d’actualités tourné en Allemagne par des firmes allemandes entre novembre 1918 et janvier 1933, soit pendant le régime appelé la République de Weimar.
Chaqaue fiche comprend :
1. une partie descriptive, plan par plan, ou groupe de plans par groupe de plans, et, s’il y a lieu, cette partie comporte la transcription, la traduction ou la description de la bande sonore ;
2. des informations techniques (nature de la pellicule, format, durée en temps ;
3. des informations signalétiques (date, producteur, référence en cinémathèque).
L’ordre adopté est chronologique.
Les sujets sans date ont été autant que possible datés grâce à la lecture comparative des journaux et revues de l’époque.
Des index complètent ces fiches : noms de lieux, de personnes, matière, principales bandes sonores.

L’ensemble est présenté dans le tome I, divisé en trois parties.
 Le chapitre 1, intitulé Derrière l’écran, trace l’histoire de la production des actualités en Allemagne, de 1914 à 1933. Si les firmes obéissent au mouvement mondial de concentration de l’industrie du film, elles offrent la particularité d’être regroupées dans les mains de la grande finance hostile au gouvernement ; elles se trouvent donc dans l’opposition, et elles véhiculent une idéologie nostalgique, avec au moins l’espoir d’une restauration impériale, voire pour certains, de la création d’un IIIe Reich.

 Les chapitres 2 et 3 forment les deux volets de la IIe partie, Sur l’écran, chacun représentant un mode d’approche différent des documents.
Le chapitre 2 étudie l’évolution chronologique des actualités ; il a permis de dégager un petit nombre de thèmes privilégiés - tous raccrochés plus pou moins ouvertement au nationalisme -, ainsi que l’existence et l’utilisation de stéréotypes filmiques.
Le chapitre 3 est l’étude d’un de ces thèmes : l’image des femmes et leur place dans la société à travers les actualités ; le nombre et le choix des vedettes féminines, le confinement des femmes anonymes dans les travaux d’exécution, les tâches ménagères, ou les rôles de compagnes effacées ;l’absence éclatante des femmes de tout pouvoir institutionnel, achève de montrer que toutes les femmes dans ce temps de la République de Weimar, et malgré les droits civiques égaux, elles restent considérées comme le « deuxième » sexe.

 Le chapitre 4 rassemble sous le titre Devant l’écran les données sociologiques et statistiques sur les spectateurs de ces bobines d’actualités (très prisées)

En conclusion, à l’aide des stéréotypes et des lapsus filmiques, j’ai tenté de dresser les grandes lignes de la mythologie filmique telle que semblent la dessiner les actualités. À travers la vision d’un monde simplifié, euphorisé, infantilisé, à travers les fêtes folkloriques et les séquences sportives, elles ont maintenu les valeurs-clés de la « Germanité » que le NSDAP saura présenter, en appât pour un « IIIe Reich », comme siennes.