Hironag Une nouvelle
Hironag. Fragment de journal d’un jeune homme du XXIème siècle
Pékin. 9 décembre 2044
Dix heures. De mon bureau, je vois un groupe de gagnants du grand jeu mondial télévisé « Remember » débarquer à la médiathèque de la Section des Centenaires. Ils ne sont encore jamais venus à l’Office. Ils prennent la plaquette : « L’Office Mondial des Commémorations (OMC), créé le Ier mai 1999 et installé à Pékin, sur un site offert par l’ancienne République Populaire de Chine, regroupe toutes les anciennes divisions de l’ONU, UNESCO, FAO, Haut Commissariat aux Réfugiés, Forces Armées pour le maintien de la paix etc. Chaque section a en charge une partie de l’histoire de notre passé, etc. »
Les touristes partent, sous la conduite des guides, dans les bâtiments de verre et métal, style fin de siècle, sorte de compromis entre les pyramides égyptiennes et les stades de foot. Au fil des salles, ils manipulent les écrans et les cartes informatiques qui présentent la documentation sur tous les événements possibles, depuis le deuxième millénaire avant Jésus-Christ.
Le guide leur raconte sans doute comment l’idée de l’Office est née en décembre 1994 ; que pour résoudre à la fois le chômage, les salaires, la surproduction et la sous- consommation, on a résolu d’organiser quotidiennement des fêtes célébrant le Passé. Mais les touristes se fichent de cet historique, pourtant instructif, ils sont captivés par les consoles des Jeux du Souvenir où l’on peut gagner des billets pour assister en vrai aux fêtes de commémoration de l’année à venir. Il y a longtemps que les gens ne regardent plus que les écrans, et ne se préoccupent pas du reste.
Avant mon cours, je suis allé boire un café avec Jacques et Li, agrégés de Commémoration, de la même promotion que moi, et mémoristes de Ière classe. On a discuté un moment de la thèse de Li, un sujet à risques : « La préparation du Cinquantenaire de L’Office Mondial des Commémorations, origine et mythes d’origine ». Ce matin, Li avait le culot, en plein Office, de porter un insigne d’Hironag. « Il est vrai ou faux, ton insigne ? En tous cas, tu feras bien de ne pas le mettre le jour de la soutenance ». Hironag, c’est une association née au Japon, il y a une dizaine d’années, très bien disséminée, très active, et qui refuse les commémorations, une contestation vivante du Passé conçu par l’Office. Selon Li, si les fondateurs sont d’Hiroshima et de Nagasaki, c’est parce que ces deux villes sont, sans l’avoir voulu, le lieu d’origine du monde actuel, de l’ère post-atomique et de la peur. Ils n’ont pas envie qu’on les mure là-dedans. Ils refusent donc les cérémonies de commémoration, qu’ils traitent d’anesthésiant violent.
Jacques et moi, nous serons juste de retour pour la soutenance, la semaine prochaine. Retour d’Hiroshima, précisément. Nous y partons demain en mission à propos d’août 1945. C’est Jacques qui tient y aller, car, en fait, on aurait tout ce qu’on veut sur les banques de données. C’est une question d’atmosphère, dit-il, l’espace, ça pose des questions. Jacques a été muté très récemment à ma Section (celle des Centenaires) ; jusqu’à cet automne, il était collègue de Li aux Cinquantenaires, et il en a conservé une manière originale de travailler, habitués qu’ils sont à prendre en compte l’avis et les souvenirs des survivants, pour ajouter une touche locale, vivante, comme ils disent. Li raconte qu’il a travaillé cet été sur le massacre de 1994 au Rwanda, il dit l’effroi vivant qu’il a ressenti lui-même en rencontrant quelques vieux Hutus et Tutsis rescapés qui avaient vu, enfants, rouler la tête de leurs parents dans la poussière devant les maisons. Je soupçonne Li et Jacques de ne pas être d’accord avec la ligne de l’Office et l’insigne d’Hironag de Li n’est certes pas factice. « Li, compte sur nous, on te rapportera des documents ». Jacques corrige : Pas des documents, des impressions.
J’ai fait ensuite un cours à un groupe d’étudiants en Commémorations comparées. Je leur ai montré deux ou trois petits bouts de cérémonies en France, mettant en vis-à-vis sur l’écran les archives du débarquement le 6 juin 1944, celle du Cinquantenaire en 1994, avec les vieux survivants, et puis, la majesté des fêtes du Centenaire qui se sont déroulées cette année. Il faut dire qu’on a mis le paquet, avec une reconstitution intégrale, des milliers de figurants, des kilomètres de tissus fabriqués dans des usines entièrement construites sur le modèle des années 1940, du tissu en pur « ersatz » comme ils disaient pour le faux cuir, la rayonne, etc. Sans parler de la retransmission mondiale dans des milliers d’heures de programme en américain, chinois et langues locales, enfin, un boulot de pros. Les étudiants ont très bien vu la différence, ils ont trouvé presque attendrissant le Cinquantenaire, en 1994, avec des survivants, des banquets de survivants, des musées de bric et de broc faits avec quelques souvenirs offerts par des survivants. C’est vrai, c’est spécial, les Cinquantenaires, avec la présence des survivants, ils se rappellent des choses qui ne sont nulle part dans les archives. Survivants, survivre, survivre à l’événement, classer les souvenirs.
A 2 heures, je saute les fêtes du jour, c’est le énième épisode du Quatrième centenaire de la fin des Ming, dont je suis absolument rassasié, malgré la splendeur des reconstitutions. Je rentre directement chez moi. Nous partons demain. Sac de voyage. Pékin-Hiroshima, il n’y aurait qu’un pas à faire, mais Jacques veut se rendre d’abord à Albuquerque au Musée de la Bombe Atomique, ainsi qu’à Alamogordo, sur le site du Trinity Test. Je laisse un message à Marguerite (elle bosse sur le Cent Cinquantenaire du Cinéma) pour lui proposer de me retrouver à Hiroshima dans quatre jours. Hiroshima, mon amour, cela peut lui plaire. Si je proposais Nagasaki, elle m’attendrait comme Madame Butterfly, et moi, j’arriverais comme l’officier américain. Les Officiers américains et le Japon, sujet de thèse, de Nagasaki à Hiroshima. De Pinkerton à Paul Tibbets ou à Beahan.
Albuquerque. 10 décembre 2044
A l’entrée du Musée, se tiennent quantités de petits étalages des marchands de caesium, de plutonium, ou d’uranium. C’est une mode depuis plusieurs années. Selon Jacques, c’est une activité secrète de l’Office car, après tout, c’est du domaine des souvenirs. Les marchands vendent leurs trucs dans des petits coffres de plomb très jolis, les touristes achètent ça comme des fous. A l’intérieur du Musée, nous regardons Little Boy et Fat Man, les deux vieilles bombes, reconstitutions, évidemment ; les vraies sont dans le sol japonais. Elles ont été longtemps dans les corps des Japonais, me dit Jacques. Ici, elles trônent sous la lumière. Y a-t-il encore des hibakushas au Japon ? Jacques pense que non, mais on en avait vu au Cinquantenaire. Pour l’instant, ici, à Albuquerque, le ciel est bleu et je n’entends nulle fourmi géante crisser comme dans Les Monstres attaquent la ville, ce bon vieux film post-atomique, dont la Warner Bros a fêté le quatre-vingt dixième anniversaire, justement, cette année.
Alamogordo. 11 décembre 2044
Alamogordo, dans la lumière du matin. Ils étaient naïfs, me dit Jacques, quand tu pense, qu’ici, il y a cent ans, les scientifiques et les techniciens pour assister au premier essai, ont cru se protéger en se cachant derrière des talus avec des lunettes de soudeur ! Aujourd’hui, les touristes regardent le site. Il n’y a pas grand-chose à voir, ils feraient mieux d’aller à la médiathèque de l’OMC, les documents sont très émouvants, tout tremblés, avec ce vieux son nasillard d’avant le numérique. On a erré au pied des collines, Jacques prétendait entendre les échos invisibles du tonnerre divin que les vieux savants évoquaient dans leurs mémoires.
A midi, on est reparti pour Albuquerque. J’ai voulu acheter un petit coffre d’uranium en souvenir. Jacques me dit que je serais idiot de me trimballer avec ça. C’est dangereux, dit-il, tu devrais le savoir, tu ne vas pas attendre le Centenaire pour t’en apercevoir, non ? Il a à moitié raison : à force de travailler en commémorant toujours, on finit par attendre une célébration pour apprendre quelque chose sur un événement. Les produits proviennent du trafic organisé à partir des vieilles usines nucléaires du XXème siècle qui, en Ukraine et en Sibérie, sont gardées comme friches industrielles-souvenirs. Jacques me rappelle que dans ces régions, il y aurait toujours des cas de leucémies et qu’il y a des souvenirs mortels. Je cite bêtement le discours officiel, « nous sommes tous fils du passé, le passé est vivant, nous sommes là pour le maintenir vivant ». « Ça veut dire quoi, maintenir vivant ? Choper des leucémies ? Nous le questionnons vraiment, le Passé, à l’Office ? Le Trinity Test, ça veut dire quoi, pour toi ? Un gros Boum scientifique isolé ? ». Il commence à m’embêter. C’est vrai que les gens des Cinquantenaires sont bizarres, intéressants, mais bizarres. Je me demande comment sera la thèse de Li.
Le soir j’appelle l’Office. Marguerite ne peut pas venir. Trop de travail. Je fais un rêve : on est dans la baie de Nagasaki, et du haut du balcon de Butterfly, comme si j’étais sa servante, je vois Pinkerton arriver, le canon tonne, et la baie tombe tout aussitôt en mille morceaux comme une glace cassée. Elle ressemble ensuite à une vieille bande d’actualités d’après la bombe, cailloux à côté de cailloux, ombres sur les murs, noir et blanc.
Albuquerque - Hiroshima, 12 décembre 2044
A l’aéroport, l’attente pour passer les bagages à la détection est très longue. « C’est le trafic nucléaire, nous explique une employée. Vous n’imaginez pas, avec le symbole que c’est ici, le musée de la Bombe et tout et tout, le trafic qu’il y a cette année, avec le centenaire. Quand c’est les petits marchands du Musée, ça va, mais vous savez, - elle baisse la voix - les chantages au nucléaire, ça court les rues dans toute l’Amérique. Pas chez vous ? ». Bien sûr que si. La Chine et tout spécialement l’Office sont toujours sous la plus haute surveillance.
A Hiroshima, le soir tombe vite. Le vieux dôme est éclairé. Il m’a serré le coeur. Je l’ai pourtant vu un nombre incalculable de fois dans les documents de l’Office. C’est la première fois que tu vas à Hiroshima ? m’a demandé Jacques.
Hiroshima. 13 décembre 2044
Le programme inventé par Jacques est fatigant. Il s’agissait aujourd’hui de se promener sans but et tout seul dans la ville.
J’ai pris un des quais de la rivière Ota. Hiroshima mon amour, les sept bras de la rivière Ota. Tous les gens filaient normalement à des boulots où ils s’occuperaient jusqu’à quatorze heures, et puis, comme tous les habitants de la planète depuis 45 ans, à trois heures, ils seraient réunis pour commémorer un événement défini par l’Office mondial ou bien proposé par les Offices locaux et régionaux. Ou bien, rentrés chez eux, ils le regarderaient grâce au Satellite Memento. Comme tous les jours, j’ai consulté une borne du calendrier mondial. Hiroshima affichait entre autres, le bicentenaire d’un mariage d’un prince de la maison impériale, le cinquantenaire d’un grand magasin, et le cinquième centenaire de l’arrivée d’un missionnaire jésuite. J’aurais choisi celui-ci, pour la couleur des costumes, si Jacques ne m’avait pas obligé à errer sans but dans cette longue journée incertaine.
Le soir, Jacques m’a dit qu’il était passé au vieux Musée d’Hiroshima, qui doit être remplacé sous peu par une banque de données. Si tu n’as rien vu à Hiroshima, m’a-t-il dit, en riant et en citant le vieux film de Duras, tâche au moins d’y réfléchir.
Hiroshima, 14 décembre 2044
Très bien, je réfléchis. Que faire ? A force de commémorer, on devient peu apte, au fond, à faire des projets, à penser l’avenir, et même le présent tout proche. Donc, j’imite Jacques, je vais à mon tour au Musée. Un gardien m’accueille en me montrant des vitrines affreses d’objets, ou de corps et de fragments de corps irradiés, tout brûlés. E-pou-van-ta-ble. Pas regardable.
Comment va-t-on pouvoir faire une fête de commémoration avec des éléments pareils à intégrer ? Si horribles ou si nuls ?
En fait, là n’est pas la question, car on fait de très beaux morts reconstitués, soit en images virtuelles, soit en 3 D réels, soit avec les nouvelles molécules ; l’année dernière par exemple, pour le centenaire de la famine du Henan, les morts étaient superbes. La vraie question, c’est que moi, je ne vais plus pouvoir regarder les images de la Fête du 6 août 2045 sans penser à ce que je viens de voir.
Je ne vais pas plus loin dans le Musée et je me retrouve dans une vieille rue du quartier Atomic.
Je m’assieds pour penser à tout cela au soleil, sur un banc, contre un mur.
Quand je me relève, je récupère mon ombre qui, fidèle, me suit dans les rues animées et froides. Il y a presque cent ans, le 6 août 1945, sous mille soleils, elle ne m’aurait pas suivi, elle serait restée sur le mur, et moi, j’aurais été plaqué, brûlé, désagrégé, anéanti. Pourquoi ? Au nom de quoi ? Le soir, après une journée interminable à me poser des questions sans réponse, j’appelle Marguerite, je me plains, elle s’en fiche, elle est dans ses archives, et pour elle, l’actualité, l’avenir, c’est L’Entrée du train dans la Gare de la Ciotat. Ni moi, ni Hiroshima, ni les morts de 1945, ni l’uranium libéré et courant dans les plaines ukrainiennes ou vendu en petits paquets à Albuquerque, n’ont corps, cela n’existera pour sa Section, que dans 100 ans.
Qu’est-ce que c’est, cette histoire de bombe ? Qu’est-ce que cela vient faire dans mon propre présent ? Et puis, mon présent, qu’est-ce que c’est ? Travailler à l’Office ? C’est tout ? La liberté de flâner pour « l’atmosphère », je ne suis pas sûr que ca me réussisse ; la vie de la ville, à la fois si brillante et si tranquille, rend incongrus les éléments fichés en elle, ce dôme, ce musée, ces murs. Je n’arrive pas faire le lien.
Ou plutôt, si : c’est moi qui deviens le lien, et ça, c’est une position presque intenable ; il s’agit de lier sur moi, dans moi, l’immense horreur qu’est la Deuxième guerre mondiale toute entière, l’horreur de la guerre atomique et l’horreur de la vie des individus dans une telle aventure, la gloire et l’horreur des responsabilités collectives et partielles, éparpillées, plaquées, brûlées elles aussi, sur les murs et dans les carcasses de ferrailles d’Hiroshima.
Nagasaki. 15 décembre 2044
On a vu d’abord Nagasaki d’en haut, les presqu’îles, la baie, le port. Tout comme le capitaine Beahan l’avait vu il y a presque cent ans, avant de lâcher Fat Man en vitesse parce qu’il craignait de manquer de carburant, auquel cas il aurait fait lui-même les frais de l’expérience d’une bombe au plutonium : des dizaines de milliers de morts, des immeubles, des usines, réduits en terrain de baseball dévasté, pour reprendre ses propres mots. Des gens, des êtres humains.
Nagasaki, presque cent ans après. Dans les collines, nous voyons des Hironag, des gens comme vous et moi, dans un jardin, qui peignent des affiches et des banderoles. Et tout d’un coup les voilà qui sortent dans la rue, ce n’est pas une cérémonie, c’est une minuscule manifestation, comme on en voit dans les archives ; ils protestent contre les projets du centenaire, ils crient, « A-bas-les-re-consti-tutions », et tout d’un coup nous voilà partis, Jacques et moi, avec eux, criant aussi. Petit choc avec la télé et la police. Ne transformons pas les Hironag en martyrs, c’est la doctrine officielle, on nous demande seulement de nous disperser.
On parle un moment avec eux, et ils nous disent qu’il faut aller de l’avant, avec l’histoire de la ville, avec ses morts, ses erreurs, ses malheurs, ses enseignements ; avec l’histoire, oui, mais en la faisant grandir, pas en la figeant. Des odeurs, des souffrances, des plaisirs peut-être, des peurs d’un ordre inconnu. Mais bien sûr, ma pauvre Butterfly, il ne faut pas mourir, il faut changer, accepter le changement, accepter les morts, et, en leur honneur, vivre du nouveau.
Nagasaki - Pékin, 16 décembre 2044
Dans l’avion, Jacques et moi, on a parlé évidemment du Centenaire du 6-9 août 1945. Les morts, les blessés et les malades, auraient-ils eu envie d’une fête ? Ou plutôt d’une pensée, de beaucoup de pensées et de beaucoup de projets ?
En débarquant, nous nous précipitons, très en retard, à la soutenance de Li. Elle se passe dans la grande Salle, en bilingue américain/chinois et retransmission directe en langues locales sur le Satellite Tout Savoir. Qu’est-ce qu’un Cinquantenaire, est-il en train de demander brutalement ? Est-ce bien une commémoration ? Ne faut-il pas en faire la charnière où l’événement va passer du souvenir de quelques-uns dans une histoire publique, à l’usage collectif, mais en lui conservant ses contradictions, afin de le comprendre, dans sa laideur et dans son intérêt exemplaire ? Le travail de l’Office, ne faut-il pas le remettre en question ? Faut-il établir une version officielle et lisse ? Faut-il traiter les survivants comme si leur passage de vie à trépas, dessiné en pointillés, cernait déjà la grande figure d’un centenaire en voie de mythification ? Faut-il s’efforcer de les unifier, ou faut-il accepter la dynamique et l’inquiétude des témoins disparates et des questions insolubles ?
Marguerite m’a dit qu’il y avait eu une panne de Satellite et qu’on n’avait rien entendu de ce passage-là. La communication a été rétablie au moment où Li recevait officiellement les félicitations du jury.
Le lendemain, Li a été nommé directeur adjoint à l’Office régional de Darwin, enterrement de première classe déguisé en promotion. L’Office n’aime pas les contestataires.
Darwin. 6 - 9 août 2045
Pour le Centenaire d’Hiroshima et de Nagasaki, la Section était évidemment en plein boum, nous aurions dû être aux premières loges, mais Jacques et moi n’avions pas envie de participer aux cérémonies ces jours-là, ni à Pékin, ni à Hiroshima, ni à Nagasaki, ni aux Iles Marianne. Nous avons pris un congé de maladie pour aller voir Li à Darwin. Sur la plage, devant l’Océan Pacifique, nous avons fait un petit feu pour cuire des patates douces.
Quelques Hironag australiens, amis de Li, nous ont rejoints et ensemble, nous avons regardé les vagues, très longtemps, apporter le présent incertain et tout ouvert sur l’avenir. Il y a cent ans, les gens aussi, à Hiroshima, à huit heures et quart, attendaient l’avenir.
Hélène Puiseux
Janvier 1995