Phœnix Arizona

Phœnix : la mort récente de Mohammed Ali non loin de cette ville me l’a remise en mémoire. Les films post atomiques la prennent souvent pour cadre, elle étouffe de chaleur, elle, son ciel, ses gratte-ciel, au milieu du désert piqué de cactus raides.

Coucher de soleil sur Phoenix
© BY 2.0 John Fowler from Placitas, NM, USA

Et, du même coup, j’ai repensé à une œuvre homonyme (dans son titre de distribution française, car le titre original est Smoke Signals), un film de Chris Eyre (USA,1998) qu’on avait étudié dans mon séminaire, dans le cadre des recherches sur la mythologie de l’Ailleurs. On avait beaucoup aimé ce film humorous yet serious, dit la fiche de l’IMDb. Il cassait la mythologie romantique et parfois sirupeuse mise place par Hollywood (p. ex. avec Danse avec les loups). Il mettait en question la mémoire de l’abandon, la disparition dans un monde.disloqué.
Il finissait par un poème adapté de Dick Lourie, How do we forgive our Fathers qui me touche toujours autant, et que je recopie ici.

Comment pardonnons-nous à nos pères ?
Peut-être dans un rêve ?
Leur pardonnons-nous de nous avoir quittés trop souvent,
Ou pour toujours quand nous étions enfant ?
De nous avoir terrifiés par des accès de rage inattendus
Ou inquiétés précisément par leur manque de rage ?
Pardonnons-nous à nos père d’avoir épousé, ou pas, nos mères ?
D’avoir divorcé, ou non, de nos mères ?
Allons-nous leur pardonner d’avoir été trop chaleureux ou trop froids ?
Allons-nous leur pardonner d’avoir poussé, coincé ou claqué la porte ?
D’avoir parlé à travers les murs,
Ou de n’avoir jamais parlé, ou de ne jamais avoir cessé de parler ?
Pardonnons-nous à nos père à notre âge
Ou au leur,
Ou dans leur mort ?
En le leur disant,
Ou sans le leur dire ?
Si nous pardonnons à nos pères que reste-t-il ?

Fin du film, l’écran devenait noir, à la bande-son, on entendait un chant indien, Wahjeeleh Yhm, et on restait avec la question : qu’est-ce que pardonner ? Laisser tomber ? Repeindre ? Passer ailleurs ?

Alors, oui, « que reste-t-il ? »

Ou, comme dit Alice au Pays des merveilles, en descendant dans le terrier du Lapin : « À quoi ressemble la flamme d’une bougie une fois que la bougiei est éteinte ? ».