Et à part ÇA ?

Eh bien à part ÇA, évidemment, rien.

Faire les soldes ? Non, personne n’y arrive d’ailleurs, selon les télé-trottoirs, et moins par peur, que par l’incapacité de pouvoir compenser avec une fringue. Ou dix fringues.
Aller voir Jeff Koons et ses ballons, vraiment ?
Avaler Timbuktu et ses horreurs, répliques cinématographiques de ce qui se passe en vrai et en ce moment même dans les 4 coins de l’Afrique et de l’Orient ?
Un petit concert ? Un théâtre ? bof.
Non, je n’y arrive pas.
Acheter Charlie, oui, pourquoi pas, ça renflouera les caisses du journal ; mais ce n’est pas ça qui va faire réfléchir efficacement à la laïcité et à la tolérance, sans compter l’ignoble récup de ceux qui les revendent sur e-bay.
Même dans la retransmission de Tannhaüser que j’adore, je ne voyais que les méfaits ridicules des idées religieuses et du « péché » à la Wartburg, et j’ai préféré retomber sur celles de mon temps, qui m’affectent si fort.

Je reste dans le cocon inconfortable de ceux qui sont sonnés et qui se racontent la même histoire que moi dans l’espoir de savoir ce qu’il peut y avoir à faire.

J’ai quitté Tannhaüser pour aller sur LCP voir Bernard Cazeneuve parler au Sénat. Je l’ai trouvé très bien, captivant même. Qui m’aurait dit qu’un jour, je serais captivée par un ministre de l’Intérieur ? Faut-il que les temps soient bizarres, The Time, they are a-changing, (Bob Dylan, 1964). Il parlait calmement, sérieusement, sans aucun effet oratoire, apparemment sans note, pendant de longues minutes, dans un français clair, simple, mesuré : il disait qu’il n’y aurait pas de « mesures d’exception » comme l’avait réclamé une partie de la droite, et que, oui, nous étions en guerre, mais ce n’était pas l’état de guerre avec le cortège de pertes de liberté qu’il autorise. Nous sommes en guerre contre le terrorisme , c’est-à-dire, disait-il , POUR la laïcité, pour la liberté d’expression. Du positif. Pourvu que ça dure.

Ce matin, je suis plongée dans les réactions des écrivains interviewés dans Le Monde des livres. Au moins, eux ont le courage d’aligne des mots, certains cherchent à établir un sens, des mini - ou de grandes - hiérarchies de « causes », des vagues propositions, d’autres se contentent de dire qu’ils sont dans la sidération.
J’ai aussi commencé le roman de Michel Houellebecq, Soumission, avec quelques appréhensions, mais je n’ai pas encore fini, loin de là, et donc je ne suis pas en mesure de dire ce que j’en pense.

Malgré l’énorme et réconfortante manif de dimanche, on n’est sans doute pas si nombreux sur la terre à vouloir de la tolérance et de la vie.

Et pas si nombreux à penser que les dieux sont des créatures, des créations de l’esprit humain, qu’ils n’existent que parce que des hommes les ont inventés pour servir de masque à leur propre désir de domination et d’intolérance, qui peut devenir leur désir d’asservir et de tuer.