Opéra

49 articles

  • Formes de la violence Chronique d’un printemps 36

    Paris, dimanche 19 avril 2020
    J’ai fini Le Premier homme. La description, à la fois minutieuse et sans ordre, de la ville d’Alger, rend présente l’alternance de la chaleur - écrasante - et de la pluie - plus rare mais diluvienne -, qui baigne un monde de la pauvreté, de l’effort, de la difficulté et de l’énergie quotidiennes. Les saveurs, les parfums bons et mauvais, la couleur, les sonorité, la tension, les violences sourdes ou physiques d’un monde qui survit comme une île entre deux (...)

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  • Un spectacle sans public reste-t-il un spectacle ? Le joli Mai, 10

    Malheureuse année Beethoven, 250e anniversaire de sa naissance, où toutes les salles du monde avaient programmé depuis des mois, des années, l’œuvre entière du compositeur. Cela aurait dû être un vrai bonheur que le virus a saccagé par la mesure de confinement qui a annulé tous les concerts et opéras depuis le 17 mars.
    Privée de musique en vrai (en novlangue, on dit en « présentiel »), je traîne souvent sur Mezzo, à la recherche des sonates ou des quatuors, malgré le son déplorable des (...)

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  • Après la mort de Jules, Journal des Goncourt, 6

    Les lignes consacrées par Edmond aux derniers mois et aux dernières heures de Jules à Auteuil sont bouleversantes. Elles évoquent à mi-mot leur maîtresse commune, Maria, une sage-femme, qui les a connus sans doute vers 1852, Jules d’abord, puis tous les deux, elle les a sans doute aimés, et beaucoup aidés, notamment au moment de la mort de Rose : c’est elle qui leur a appris la double vie de la pauvre femme.
    Depuis la mort de Jules, qui m’a beaucoup affectée, car je pense qu’il était le (...)

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  • L’Or du Rhin ou La double malédiction d’Alberich Un prologue mythique

    L’année 2020 devait être un sommet de plaisir dans le registre musical, donc un sommet de plaisir total : Philippe Jordan, le directeur musical de l’Opéra de Paris, dont le contrat s’achevait cette année, avait programmé le Ring, qui, selon lui - et je partage son avis - , est le plus grand monument musical qui existe au monde. Quinze heures de musique pour un très long poème composé par Richard Wagner sur des années, à partir de légendes nordiques, poème qui raconte l’histoire du monde (...)

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  • La Walkyrie ou La lâcheté du Maître des dieux

    Une longue histoire de famille très décomposée
    Puisqu’il m’est impossible de donner à lire la beauté de la musique, je raconte ces mythes que j’adore, utilisant à ma façon le procédé wagnérien par excellence : les longs récits créent le monde, en redessinant, en ressassant, en variant les éclairages. On peut lire les livrets, et, à l’opéra, heureusement, (enfin, avant le Covid) on a la ressource des surtitres. La radio demeure un peu élitiste et suppose qu’on connaît déjà son affaire. (...)

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  • Le Crépuscule des dieux Le retour dans les eaux du Rhin

    J’avais tort, mercredi dernier, de craindre Ricarda Merbeth dans Le Crépuscule. C’était une faute pour la wagnérolâtre que je suis. Merbeth n’était pas à craindre sauf dans le duo du Prologue, lorsque Siegfried la quitte pour aller courir le monde : cette scène d’amour, elle l’a en effet plus ou moins loupée, car pour les nuances et l’expression de ce sentiment-là, je persiste à penser qu’elle n’a pas la voix qu’il faut, pas assez ronde, pas assez capable de s’amenuiser dans la tendresse (...)

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