M, comme ...

Je suis restée plusieurs jours sans mot dire, tellement le monde est écœurant. Et puis ce matin, tout de même !

M, comme Munich
Il y a des villes où on devrait éviter de faire des conférences internationales, ce n’est pas de leur faute, mais elles ont une sorte de poisse et de honte collées à ceux qui s’y réunissent pour régler des problèmes. Pauvre et belle ville de Munich : elle avait déjà une méchante réputation depuis 1938. Maintenant, c’est l’affaire de la Syrie qui y est traitée. Les Russes et les Américains font mine de régler le problème qu’ils ont laissé se développer et qu’ils entretiennent à grands coups de langue de bois, de lâcheté et de bombes (USA, UE, et les petits copains d’en face, Bachar et Vladimir, additionnés de leurs alliés chiite, Iran et Hezbollah).

John Kerry sonne creux : « La recherche de la paix et de la liberté restent aussi importantes qu’il y a cinquante ans ».
Lavrov attaque : " C’est malheureux, mais ça signifie que cet accord de Munich sera impossible à réaliser, et ce sera la faute des Américains "
Ben voyons.

Les phrases sentent la Guerre (froide, tiède, chaude ??).
Les Syriens la trouvent brûlante. Ils peuvent ne pas dormir tranquilles et continuer à s’enfuir de chez eux.

M, comme Mot : un "hot spot" ?
La novlangue, à Munich, est d’emploi courant : je cite Manuel Valls : "Le temps maintenant est de mettre en œuvre ce qui a été discuté et négocié : des “hot spots”. C’est un mot qu’on ne traduit pas, ça fait plouc, ça passe mieux en anglais. Car ça donne point chaud pour désigner ce monstre froid qu’est le lieu où on enregistre les réfugiés.

Dans ce point chaud, vous offrira-t-on du thé et une couverture ? Pas évident. Car c’est "une approche européenne" comme dit délicatement Wikipedia, pour enregistrer les noms et les empreintes digitales, pour trier les émigrés qu’on peut foutre à la porte tout de suite.

Où seront-ils, ces point chauds ? Pas dans notre précieux "chez nous", en tout cas : « Les solutions sont au Levant, en Turquie, en Jordanie, en Méditerranée. »." (c’est toujours Manuel Valls qui parle).

En Turquie, qu’on a menée en bateau tout droit dans les bras d’Erdogan en la baladant avec des négociations méprisantes et faux-jeton pour qu’elle ne réussisse pas à entrer dans l’Union européenne, depuis 1964 ?

En Grèce, sur laquelle l’Union européenne tape à tour de bras depuis des mois et des années, en rêvant de "Grexit" ?

M, comme "Méditerranée"
Manuel Valls a ajouté "en Méditerranée". Quoi, j’ai bien lu ? Point chaud au fond de l’eau ? (409 noyés depuis le Ier janvier, j’ai entendu le chiffre, il y a quelques jours)
Non, bien sûr, c’était un raccourci, il ne voulait pas dire ça, il parlait des pays riverains (oubliant que nous faisons partie) : notre premier ministre devrait faire attention à ce qu’il dit. Il y a des raccourcis qui sont très proches du lapsus révélateur comme chacun sait.

Allez j’arrête ma liste des M, comme, je sais où ça mène.
On est dedans, c’est glissant, c’est sale, ça pue, même et surtout si c’est du pied gauche.