Jusqu’au jour où... 2 Vent d’est

Avant tout, je veux dire combien je suis émue du courage acharné de Zelensky.

Depuis le 24 février, date de l’invasion brutale et gigantesque de l’armée russe en Ukraine , le monde est comme embarqué sans visibilité sur une piste noire, téléguidé par Poutine, un homme que le métier et les actions successives désignent comme un destructeur maniaque, acharné, doublé d’un menteur patenté, qui retourne et chiffonne situations, humains et responsabilités comme des mouchoirs en papier. On est parti dans une cascade de crises, qui revêt ou peut revêtir toutes les formes possibles y compris la guerre nucléaire que tout le monde évoque, voulue sciemment ou dérapage possible, sous ses deux formes, militaire et civile.

J’ai travaillé à la mythologisation du nucléaire par le cinéma pendant bien des années [1] - c’est-à-dire sa transformation en Toute-Puissance aveugle que des mains désignées ou non peuvent monopoliser -, elle révélait la peur sourde et somnolente que nous en avons, je n’y ai cru - que deux fois avant aujourd’hui (au moment de la Guerre de Corée et au moment de la crise des missiles de Cuba).

L’Occident ( ses structures, OTAN, UE) se bat avec ce dictateur sur le terrain du droit et de l’économie. De toute façon, on n’a que les ombres portées des décisions et pourparlers dans nos médias. L’activité est immense. Les propos des politiques et les militaires qui défilent devant les micros n’inclinent pas à l’optimisme. Les Russes n’en ont pas autant, Poutine les a bouclés.

Les 3 candidats poutinophiles à la présidence française essaient de retourner leur veste de manière plus ou moins dégoutante et grotesque : si la situation n’était pas si grave, on rirait car on se croirait dans l’acte II de Tailleur pour dames, de Feydeau, lorsque Moulineaux tente de masquer ses trahisons et ses mensonges précédents par des coups de ciseaux hasardeux. Leurs minables simagrées ne dissimulent pas le danger qu’ils représentent.

Au cinéma, les guerres nucléaires ou classiques durent le temps de la projection. Trois heures au plus et c’est bouclé. On retourne chez soi, on est en paix.

Dans le réel, le temps de la guerre est bien plus bizarre, bien plus long, incertain, brouillasseux ou aveuglant, vraiment meurtrier et effroyablement lourd, complexe ; on y joue du cyber au spatial, le danger est partout, des sanctions économiques et financières, de l’eau possiblement coupée ou empoisonnée aux séparations et aux larmes, des routes immobilisées à la folle activité qui se déploie avant de se paralyser pour sauter un peu plus loin.
Les petits enfants qui fuient dans les gares en portant leur mini-sac à dos ne comprennent rien sauf le fait que leurs parents sont aussi perdus qu’eux et cela, c’est paniquant et tragique.

Toutes les issues sont moches. Toutes sont pleines de culpabilité, de remords, de regrets, de « si j’avais su ».

C’est fourre-tout, tout cela, mais je ne suis pas sûre que j’aie envie plus longtemps de quitter les infos que je rejoins sur le champ par ce dimanche froid et ensoleillé, par vent d’est.

Notes

[1La partie « Recherche » de ce site en témoigne.