Chroniques

Cette rubrique abrite un fouillis d’impressions, d’époques diverses, sur tout et n’importe quoi, l’actualité, un film, un paysage, une pièce de théâtre, un concert, un petit voyage, un article qui m’a plu, etc. Ni thème précis, ni régularité. Juste l’envie de mettre en forme une impression fugitive ou persistante.
Toutefois, deux séries de textes forment des ensembles.

1. Vingt « Chroniques », la première étant datée du 18 décembre 2016 au 14 juin 2017, sont consacrées à l’histoire de mon arrière-grand-père, Victor Puiseux (1820-1883). Cette série est regroupée en un PDF unique, de lecture plus aisée, dans la Bibliographie générale de la rubrique Recherche sous le titre Une biographie de Victor Puiseux (1820-1883). Les rectifications insérées au fil des jours, heureusement assez peu nombreuses, n’ont pa pu être introduites dans la partie PDF.

2. Une guerre mondiale et une pandémie.
Un autre ensemble est constitué par les chroniques que j’ai faites au printemps 2020, en racontant, en parallèle, mes impressions sur les deux crises mondiales que j’ai traversées à quatre-vingts ans d’intervalle :
— le printemps de 1940 avec la montée des évènements qui ont conduit à l’invasion et l’armistice de juillet 1940,
— et le confinement imposé pour raisons sanitaires au printemps 2020 : on peut se rendre à la première de ces chroniques en cliquant ici. La série se compose de 60 textes, les 50 premiers sous-titrés Chroniques d’un printemps, et les 10 suivants sous-titrés Le Joli Mai, intitulés évidemment empruntées au cinéma.

2017

  • Victor Puiseux, 8. Le temps d’apprendre à vivre

    1841-1845 : Rennes
    Victor est nommé au Collège royal de Rennes . Il se trouve, curieusement, pour son premier poste, nommé dans cette ville de Bretagne où Louis-Victor lui-même a commencé sa carrière de receveur il y a trente-cinq ans. La ville a grandi, est passée de près de 30.000 à près de 40.000 habitants. Le Parlement de Bretagne est majestueux, ornement de la ville classique du XVIIIe, mais les bas-quartiers sont encore fréquemment inondés : à partir de 1841, on commence le (...)

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  • Victor Puiseux, 9. Questions sur une pointe

    Tour d’horizon
    Je retrouve Victor sur la plus haute pointe du Pelvoux, le 9 août 1848 .
    Pour moi, atteinte d’un vertige affreux sur le moindre escabeau, résolument adepte de l’alpinisme devant les chaînes de télé genre Trek ou TV 8 Mont Blanc, mais toujours désireuse de « cadrer » Victor de l’extérieur, c’est moins la réussite d’une « première » et la date de l’ascension (le 9 août 1848), que l’année qui fait « tilt », 1848, et je profite de ce moment de solitude pour poser quelques (...)

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  • Messe en si mineur, J.-S. Bach, dir. Philippe Jordan Opéra Bastille, 14 février 2017

    Mardi 14 février 2017, je suis allée faire une expérience saisissante à Bastille, avec la Messe en si de Bach, dirigée par Philippe Jordan ; elle était jouée par l’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Paris, bien sûr, et , donc, avec instruments modernes. Ce fut une soirée complètement surprenante, hyper-vitaminée, j’avais l’impression de ne l’avoir jamais rencontrée, jamais entendue ainsi !
    J’ai beaucoup aimé cette interprétation terriblement nouvelle, qui faisait entendre tout Bach, (...)

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  • Victor Puiseux, 7. La conquête de l’Université

    Paris 1835
    Au moment de la mort de Louise, le 17 février 1835, Louis-Victor, en effet, est seul. Ses deux fils sont à Paris, chargés de conquérir l’espace social, par leur intelligence et leur travail.
    C’est le Paris d’avant Haussmann, serré dans ses barrières. Il y a encore pas mal de quartiers genre « vieux Paris », ses maisons irrégulières à pignons, ses petits métiers, ses poètes. C’est l’époque où Gérard de Nerval se prend d’une passion sans retour pour l’actrice Jenny Colon. (...)

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  • Victor Puiseux, 6. Une enfance en Lorraine

    Longwy, 1823-1826
    En 1823, Louis-Victor, sa femme et leurs deux fils arrivent à Longwy (2500 h). La belle petite ville, fortifiée par Vauban, est ultra royaliste - ses habitants avaient été décrétés traîtres à la patrie par la Convention -. Napoléon Ier y passe en 1807 ou 1808 et commande un service à la Manufacture des Émaux et Faïences qui fait la réputation de la ville, installée dans l’ancien couvent des Carmes. À la Première Restauration, en 1814, Longwy a reçu en grande pompe le (...)

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  • Victor Puiseux, 5. Lorsque l’enfant paraît.

    Louis-Victor (1783-1858), le deuxième des trois fils de Jean-Louis Puiseux, et que sa famille appelle curieusement Alexandre, est le père du mathématicien à la mémoire de qui je tente de fabriquer un cadre, une « atmosphère » à l’aide des générations qui l’ont précédé. Ce Louis-Victor, né entre Jean-Baptiste, percepteur à Argenteuil, et Jean Baptiste Victor, qui fiche le camp à Cuba, fait une carrière de receveur des contributions indirectes.
    Le retour des contributions indirectes
    Pour (...)

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  • Victor Puiseux, 4. Où l’on retrouve les « sorties d’Argenteuil »

    Parmi les trois fils de Marie-Madeleine Michel, veuve Puiseux, épouse en 2e noces de Jacques Laurent, et vivant à Argenteuil, deux attitudes, l’aîné ne « sort » pas, mais les deux autres, oui, et n’y reviendront pas, sauf en passant et brièvement. Deux options : carrément le Nouveau monde pour le 3e fils, au sens ancien et géographique, ou, plus discret le choix du monde nouveau, la participation à la mise en route de l’État, pour les deux premiers. Un point commun, les adieux à la (...)

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  • Victor Puiseux, 3. Jacques Laurent

    Un personnage pour jeu de bonneteau
    Origine ? Jacques Laurent reste la grande énigme dans la famille Puiseux. Je me débats depuis quelques semaines dans les bribes de la légende, fondée sur les souvenirs de son petit-beau-fils Léon Puiseux (1815-1889), le frère aîné de Victor Puiseux. À la fois floue, élogieuse, porteuse d’erreurs évidentes, parfois précise et pleine de trous bizarres, la vie de Jacques Laurent selon Léon Puiseux, est faite d’évènements soit invérifiables, soit (...)

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2016

  • Victor Puiseux, 2. La première sortie d’Argenteuil

    Une « sortie » en deux temps dans un monde instable
    Les légendes ont leurs variantes. Les archives, leurs lacunes. Les arbres généalogiques, leurs erreurs. Et moi, mes défauts, soit de mémoire, soit de méthode. Jusqu’à la semaine dernière, je croyais Jean-Louis Puiseux (1755 -1790) vigneron à Argenteuil, où il serait mort le 9 mars 1790, en manipulant des tonneaux qui l’auraient écrasé. Eh bien non. Il n’était plus vigneron. Et sa mort accidentelle a bien eu lieu, mais pas à (...)

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  • Victor Puiseux, 1. Une famille d’Argenteuil

    « M. Puiseux, Membre de l’Institut »
    Il y a quelque temps, l’École pratique des Hautes Etudes (EPHE) à laquelle j’ai appartenu longtemps, a fait le projet de composer un dictionnaire des personnes qui y ont exercé une activité d’enseignement et de recherche. J’ai donc rédigé la mienne en l’insérant dans leur cadre assez rigide, et je la leur ai envoyée. En retour, Jacques Berchon - directeur du Service commun de la documentation, des bibliothèques et des archives de l’EPHE - qui (...)

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  • Paterson Un film de Jim Jarmusch

    Enfin un film !! Un film qui tienne compte de l’espace filmé, du temps filmé, du quotidien, de la vie, de la poésie du monde. Paterson est un pur Jarmusch, qui, avec presque rien, dit TOUT et au-delà.
    Dans la bouillie répugnante que touillent les Poutine, Trump et consorts, ayatollahs ou terroristes, armes et fric, on est si bien dans ce film qu’on voudrait qu’il dure des semaines, à suivre le quotidien d’Adam Driver, qui incarne un poète et conducteur de bus, nommé Paterson et vivant à (...)

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  • Lohengrin, Richard Wagner Opéra de Paris, 2017

    Attention : Cette chronique porte ici une date volontairement fausse ; elle a été écrite, en réalité, le 26 janvier 2017. Je l’ai déplacée pour donner de l’unité au « biopic » que j’ai par la suite réalisé à propos de Victor Puiseux.
    Créé à Weimar en 1858, sous la direction de Franz Liszt, et sans la présence de l’auteur, qui était banni pour ses idées politiques jugées révolutionnaires, Lohengrin, opéra en trois actes, est à la fois romantique et touchant, et, musicalement, il est une (...)

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  • Alep et les deux François

    Ici, le ciel est magnifique, bleu, plus de vent, 86% de pollution ce matin avoué par Airparif. L’Ile-de-France est en forme de cœur blessé.
    Depuis des mois, Alep crève de faim, aujourd’hui de froid, arrosée de barils de chlore, de bombes russes. La ville est écrasée, bousillée, les hôpitaux ont été systématiquement visés et détruits. De quoi rendre fou. Aujourd’hui, je me dépêche, pendant que je respire mon cocktail de dioxyde d’azote, de particules fines (PM10) et d’ozone, de rendre (...)

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  • Tic-tac, activités et mutations

    Franchement, depuis l’élection de Trump, je suis déboussolée. Ce n’est pas que ça allait bien avant : il y avait déjà les amis qui ne vont pas bien, les océans qui se réchauffent et s’acidifient, la température du globe qui monte, les États qui crachent leurs fumées de charbon et leurs déchets nucléaires, le tic-tac des dosimètres portés par les ouvriers qui posent le nouveau sarcophage de Tchernobyl. Il y avait déjà les mouvements d’extrême-droite qui se poussaient du col, un peu partout (...)

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  • Ta’ang Un film de Wang Bing, 2016

    Un nouveau film de Wang Bing
    Je suis une inconditionnelle du cinéma documentaire de Wang Bing, mais aujourd’hui, je sors perplexe de Ta’ang, film sur les ethnies « déplacées » à la frontière sino-birmane dans un conflit confus côté birman qui déborde au Yunnan, tourné dans les premiers mois de l’année 2015 : en fait, j’ai eu presque tout de suite envie de m’en aller, comme si je savais ce que j’allais voir et qu’en effet, je le voyais, sans que prenne cette sauce intime avec les (...)

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  • Bob Dylan

    Je suis enchantée de la nouvelle : l’attribution du Prix Nobel de littérature à Bob Dylan.
    J’y reviendrai peut-être. Avec une photo, mais laquelle choisir, dans toute une vie. Celles où il est si jeune, celle où il est avec Ginsberg, avec Joan Baez, une plus récente, une actuelle, à voir... Dylan, c’est les yeux, mais aussi les oreilles, la tête, le coeur etc. À chacun son Bob Dylan. Merveilleusement multiple.
    Pour l’instant, c’est juste la joie de penser que dans notre monde rétréci (...)

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  • De Grozny à Alep

    Je veux juste signaler la magnifique émission de France Culture aujourd’hui, dans la 2e partie de la Grande Table.
    Il faut absolument écouter - écouter en rediff - Françoise Boucher-Saulnier, directrice juridique de Médecins sans Frontières. L’état qu’elle décrit de la Syrie actuelle et l’historique qu’elle fait à propos des droits de la guerre, des droits humanitaires et de l’histoire catastrophique de la Sécurité qui fait glisser les démocraties vers les états totalitaires, nous (...)

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  • Pause

    Après un été bien trop chaud pour mon goût, et donc abrutissant, me voilà entre deux opérations de la cataracte, peu disposée à écrire. Affaire de cristallin, que je double d’une affaire de rétine, et, comme tout le monde, cela présage un changement de lunettes. Je vis donc un temps pas très bon pour écrire, mais bon pour réfléchir, et notamment pour repenser à Michel Butor, dont j’ai appris la mort, le 24 août, avec une grande tristesse. Cet homme si fin, si sensible, si attentif aux (...)

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  • Un plat indigeste Toni Erdmann, de Maren Ade, 2016

    Toni Erdmann dure 2. h 45. C’est une histoire sur les méfaits de la société contemporaine, dont l’égoïsme avide et coincé distend les liens familiaux : la crise des générations entre une fille un peu trop mince qui travaille à Bucarest et son père, un peu trop gros, resté en Allemagne.
    Au début, j’ai parfois souri, j’étais encore fraîche et naïve, je me rappelais que ce film a fait un tabac à Cannes, qu’il avait failli avoir la Palme d’or (grands dieux !!) et donc, qu’il avait sans (...)

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  • Adieu l’Europe

    « À la mode de chez nous »
    Ras-le-bol des burkinis et de la querelle, exploitée jusqu’au ridicule et à l’écœurement, blancs battus en neige par une partie de la classe politique, autour des vêtements que l’on doit mettre ou ne pas mettre pour entrer dans l’eau ! Naguère on pourchassait les nudiste, maintenant, haro sur celles qui mettent des robes de bain longues.
    Dans tous les partis politiques, il se trouve un rigoriste de service, pour foncer dans le chiffon rouge de l’intégrisme (...)

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  • Cris et chuchotements

    « Réalisations » en chaîne
    Les crime tragiques s’ajoutent les uns aux autres, crimes de masse, - le 14 juillet à Nice, le 13 novembre à Paris et Saint-Denis - et crimes très ciblés - Charlie, la policière de Montrouge, l’Hypercacher, le couple de policiers de Magnanville, le curé de St. Etienne-de-Rouvray - pour m’en tenir au territoire français sur un peu plus d’un an. Ailleurs c’est pareil (cf l’Allemagne) ou encore bien pire (Moyen-Orient). Aucun attentat ne ressemble tout à fait (...)

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  • Souriez, c’est l’été ?

    1. J’ai fini un livre magnifique : Bob Dylan - Une biographie, par François Bon (Aubier, 2007) Je croyais Bob Dylan éternellement jeune et, de ce fait, bien plus jeune que moi. Et puis, j’ai découvert que, au moment de sa naissance, j’étais une petite fille de huit ans et demi, vivant pendant la guerre dans le Jura, : nous avons donc un certain nombre d’années en commun, pour des vies radicalement différentes. Nous partageons un background, en somme. En le lisant, je retrouvais les (...)

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  • Brexit toi-même !

    Les aventures de Boris Johnson et de David Cameron
    Pièce tragi-comique
    1. 23 juin : Comment faire éclater une crise mondiale avec un bulletin de vote ?
    2. 24/27 juin : Les affreux hoquets de Grand Méchant Marché
    3. 28 juin : Qui va pousser le vote sous le tapis ??
    (À suivre)

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  • Pas le moral

    Vers deux heures et demie, tout à l’heure, j’ai regardé une video sur le Live du site du Monde, à propos de la manif prévue, interdite, autorisée, bousillée.
    À chacun son opinion, selon ses convictions, son histoire, ses connaissances ou manques de connaissance, trancher entre le Gouvernement et les organisateurs qui se renvoient la balle : moi, je suis écœurée par les uns et les autres, tant de bêtises, de gaspillage dans tous les sens, je regarde les barrières, les nombreux flics et (...)

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  • Phœnix Arizona

    Phœnix : la mort récente de Mohammed Ali non loin de cette ville me l’a remise en mémoire. Les films post atomiques la prennent souvent pour cadre, elle étouffe de chaleur, elle, son ciel, ses gratte-ciel, au milieu du désert piqué de cactus raides.
    Et, du même coup, j’ai repensé à une œuvre homonyme (dans son titre de distribution française, car le titre original est Smoke Signals), un film de Chris Eyre (USA,1998) qu’on avait étudié dans mon séminaire, dans le cadre des recherches sur (...)

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  • Une visite au Zouave

    Hier, je suis allée rendre visite au Zouave au Pont de l’Alma. Je n’étais pas seule.
    Les gens s’accoudaient un moment, regardaient l’eau, prenaient le zouave en photo. Ils accomplissaient une sorte de rite. Un rite créé et amplifié par les portables et les photos numériques. On ne lésine pas, oui, on y aura été, la preuve... Du bas de cette eau sale qui hier semblait ne plus monter, mais courir rapidement noyer d’autres lieux, combien de siècles de négligence nous contemplaient ?
    Le (...)

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  • De la République à l’Alma

    Les journaux ont oublié les Nuit debout. De la Place de la République, ils se sont déplacés au bord de l’eau, ils surveillent les jambes du zouave, le corps du zouave, la culotte du zouave.
    Le zouave, appuyé sur sa jambe gauche, regarde et commence à marcher vers la droite.
    Peut-on se fier au zouave du Pont de l’Alma comme baromètre politique ?
    Noyés, englués, gribouille, grisouille : les mouvement sociaux perdurent, s’émiettent et s’enlisent, des défilés mouillés et des gens (...)

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  • Phèdre(s) Une mise à jour

    Une sacrée salade
    Phèdre(s) est un spectacle donné ce printemps à l’Odéon. Il s’agit d’une pièce complexe, basée sur le principe d’une démultiplication, en miroir, en kaléidoscope, du personnage mythologique de Phèdre, « la fille de Minos et de Pasiphaé », descendante du Soleil, femme de Thésée et éprise de son beau-fils Hippolyte. Classiquement, on y lit le mythe de l’amour interdit (une sorte d’inceste), fatal (une vengeance de Vénus à l’égard de la famille de Phèdre) et donc, (...)

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  • Le bois dont les rêves sont faits Un film documentaire de Claire Simon

    Quatre saisons au bois de Vincennes. Si près et si loin. Entretenu mais si sauvage, si humain et si animal, un monde où on drague, où on vit, les oiseaux y volent, on y court, on y nage, on prend le soleil et la pluie, on fait les foins, on mesure la santé des arbres, on balaye, on dort, on danse et on mange.
    Les fils rouges du film
    La vie du bois, la vie dans le bois, la vie à cause du bois : tout est filmé et approché par Claire Simon avec une sensibilité totalement ouverte, un (...)

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  • Nuit debout

    Le mouvement Nuit debout s’est installé depuis une quinzaine de jours à Paris, Place de la République. Dans la grande mélasse politique, il se passe quelque chose, les journalistes accourent. Les commentateurs y vont bon train, tentant de cerner, de ramener à du connu, à soupeser, évaluer etc.
    Mouvement à suivre : il essaie de se diffuser hors de son lieu de naissance. Je me sens trop vieille pour aller debout dire pourquoi je proteste ou écouter les autres, sur une place parisienne (...)

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  • Kaili Blues Un film de Bi Gan, 2015

    De ce film très personnel, troublant, original, touchant, et je dirais même secouant, je suis sortie comme d’un autre monde qui m’avait été donné par les yeux et la caméra de Bi Gan, car je sortais du Guizhou, une région de la Chine du sud enclavée par un relief et une hydrographie hallucinants, ses vertigineuses collines boisées et ses vallées profondes, un climat tropical humide de montagne qui la noie d’eau et de nuages les trois quarts de l’année, ses minorités de cultivateurs et (...)

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  • The Assassin Hou Hsiao-Hsien, Taïwan, 2015

    Pour aller vite, je pourrais dire que The Assassin est un « film de sabre » : Shu Qi qui incarne l’héroïne du film, a tourné dans des dizaines de films à Hong Kong ou Taïwan qui appartiennent à ce genre - que j’adore -, mais un film de sabre pour intellos, car Hou Hsiao-Hsien n’est pas Jackie Chan, on n’est pas chez les gangsters, mais chez un seigneur du temps des Tang. The Assassin, comme toute l’œuvre de Hou Hsiao-Hsien, parle du temps et place le spectateur dans une relation (...)

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  • « Ethica : Natura e Origine della Mente » Une mise en scène de Romeo Castellucci

    De la nature et de l’origine de l’esprit : j’ai été intriguée en apprenant que Romeo Castellucci proposait la mise en scène de quelques éléments de cet texte, il en a composé plusieurs, cinq, je crois. Ce dimanche, à Gennevilliers, on avait droit à l’un d’eux.
    Je ne suis pas du tout une familière de Spinoza. En revanche, j’aime Romeo Castellucci, j’ai vu (et rendu compte) de plusieurs de ses pièces, « actions » ou mises en scène, on les retrouve facilement en remontant dans le fil de (...)

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  • Merci Patron, film de François Ruffin Langue à la farine

    Je me suis tâtée pour savoir si j‘irais voir Merci Patron ou The Revenant, hésitant entre le bout de ficelle bien intentionné et la grosse machine à Oscars. J’ai choisi le premier, qui se dit « documentaire ».
    Merci Patron est le récit d’une action qui a réussi à faire passer 35.000 euros de la poche de LVMH, l’une des entreprises de Bernard Arnault, dans celles de la famille Klur, des gens d’une petite ville du Nord, victimes de licenciements pratiqués dans l’une de entreprises du « (...)

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