Mémoire

56 articles

  • Errare humanum est ! Chronique d’un printemps 9

    Blandans, samedi 23 mars 1940
    Réflexion d’entrée, datée de 2020 : ce que j’ai décrit hier, le lessivage de l’église, est arrivé aujourd’hui seulement ! Quelle erreur de mémoire... hier, vendredi saint, on n’a pas lessivé du tout, on est allé à l’église dans le début de l’après midi pour une cérémonie, Le chemin de croix. Le curé a fait le tour de l’intérieur de l’église, en s’arrêtant devant chacun des 14 petits tableaux illustrant les 14 étapes de la Passion, de la Condamnation à mort à (...)

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  • Avec quoi écrit-on l’histoire ? Chronique d’un printemps 21

    Paris, samedi 4 avril 2020
    Un ciel bleu et un soleil brillant, il n’y a plus une traînée d’avion. Les jours se fondent les uns dans les autres.
    J’ai fini Guerre et Paix. Pierre et Natacha, Marie et Nicolas, sont devenus des couples ordinaires de l’aristocratie russe des Années 1820, qui est aussi l’année de la naissance de mon arrière grand-père Victor Puiseux, je peux toucher du doigt cette époque dans ses bégaiements qui forment un immense paysage, une immense tapisserie en relief, à (...)

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  • Formes de la violence Chronique d’un printemps 36

    Paris, dimanche 19 avril 2020
    J’ai fini Le Premier homme. La description, à la fois minutieuse et sans ordre, de la ville d’Alger, rend présente l’alternance de la chaleur - écrasante - et de la pluie - plus rare mais diluvienne -, qui baigne un monde de la pauvreté, de l’effort, de la difficulté et de l’énergie quotidiennes. Les saveurs, les parfums bons et mauvais, la couleur, les sonorité, la tension, les violences sourdes ou physiques d’un monde qui survit comme une île entre deux (...)

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  • Bousculade Le Joli Mai, 3

    Plusieurs « 8 mai » se bousculent dans ma tête.
    Blandans, le 8 mai 1945, le jour de la capitulation allemande et donc, la fin de la guerre sur le front de l’Ouest, a d’abord été un jour ordinaire : c’était pour moi un jour de cours de maths chez une dame qui habitait Voiteur. J’avais 12 ans, je finissais ma 5e. Si Tante Paulette continuait à m’instruire pour la plupart des matières, en maths, elle avait déclaré forfait depuis deux ans.
    J’allais donc à un cours d’algèbre, science à (...)

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  • 27 novembre 1935

    C’est le jour de mon premier souvenir vraiment daté : c’est l’anniversaire de Maman, je suis à Blandans, moi, j’aurai trois ans dans quelques jours, on me le répète souvent ces jours-ci, car je serai une grande fille, mais aujourd’hui, 27 novembre 1935, Maman a trente-trois ans, on lui a souhaité Bon anniversaire en l’embrassant beaucoup, dans sa chambre, ce matin, au réveil.
    Le grand déjeuner a eu lieu de très bonne heure, dans la grande salle à manger - où le gros poêle blanc chauffe (...)

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  • Jusqu’au jour où ... 7 « Ici le temps devient espace »

    Plus il se passe de choses, moins j’écris. J’ai à présent un retard fou. Pourquoi je n’ai pas écrit ? Parce que je me sens vieille et souvent fatiguée, parce qu’il faisait chaud, parce que je vois mal. Pourtant, écrire permet de poser devant soi les objets qu’on porte dans sa tête ; et, ainsi, de les épousseter, de les classer sans les abandonner.
    J’ai lu un livre excellent, La famille du tigre ailé, le premier roman de Paula Fürstenberg (Actes Sud), qui se déroule en Allemagne, met en (...)

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