Hollywood, Hollywood En lisant les mémoires de Bertrand Tavernier

Tout feu, tout flamme

J’avance lentement dans le gros volume de souvenirs de Bertrand Tavernier, bourré d’analyses, de titres, d’anecdotes, d’indignations et d’enthousiasmes.
Tavernier a beaucoup de talent pour décrire les personnalités innombrables qu’il a rencontrées (entre autres, le portrait de Melville est inoubliable), il a une mémoire d’éléphant et sans doute vingt tonnes de fiches, il n’a rien oublié d’aucun des films qu’il a vus, promus ou réalisés, rien oublié des techniques ni des génériques, ni des repas qu’il a dégustés alors avec gourmandise, et il a mélangé le tout avec l’actualité telle qu’elle lui parvenait au fil de la rédaction. C’est souvent amusant, parfois passionnant, parfois un peu long, description minutieuse d’une passion, sa construction, son invasion.

Pendant que je lis, éclatent les grands incendies de Californie qui dévorent Los Angeles, ses édifices, sa végétation trop sèche, crament ou lèchent les villas d’Hollywood, jouant pour de vrai des masses de scènes de films qui y furent imaginés.

Par là-dessus, hier, on apprend que cet incendie réellement inextinguible a tué David Lynch qui y avait sa résidence, cet immense cinéaste était un très grand fumeur, il était atteint d’emphysème pulmonaire et la pollution l’a tué.

A l’instant, je lis dans Le Monde daté du 18 janvier l’article qui lui est consacré : Mathieu Macheret et Jacques Mandelbaum, avec un grand lyrisme fort justifié, évoquent sa bio-filmographie et rappellent les premiers plans de l’incendie qui ouvre Sailor et Lula (Palme d’Or, Cannes, 1990)

Je les avais oubliés : me les rappeler ainsi m’a coupé le souffle et brouillé les idées. Il faut que j’assimile tout cela dans ma propre vie.