L’inattendu
Mon meilleur ami est à l’hôpital ; il a eu un AVC il y a trois semaines, quand j’étais encore à Riga. Il vient de sortir de réanimation. Le voyage balte, du coup, a pris une autre place, relégué par l’attente des évaluations, des récupérations, enfoncé dans le passé par les attentes de chaque jour, incertitudes, acquis et espoirs, qui sont devenus largement prioritaires dans nos vies.
Toutefois, je me sens en dette vis-à-vis de ces trois pays, dont l’atmosphère est si vivante, entre les paysages forestiers, les champs de blé, les plages, la belle architecture, les ruines relevées, l’histoire mise en avant, avec le futur aussi, les usines toutes fraîches des crédits européens, les châteaux rouges rebadigeonnés, les vieilles maisons encore discrètement crasseuses, en brique rouge, encore oubliées par la rénovation, l’immense fierté de ces pays mille fois ravagés et mille fois relevés.
Gregory, le jeune guide letton, a été le grand atout du circuit, avec son français riche et charmant, il alliait son talent de guide avec celui de musicien (il est violoniste) : le groupe - nous étions seize - a adoré sa vivacité pour nous raconter au fil des lieux et des journées, les grandes lignes ou les détails de l’histoire mouvementée et souvent tragique des trois pays, parsemées de légendes. Il a su à merveille faire prendre la sauce.
Je reprendrai un rythme, dans les jours qui viennent, histoire de reprendre le fil, pour moi, pour mon copain et pour sa femme, histoire de nous dire que la vie revient avec son prix immense, ses lenteurs et ses espérances. Sous le signe du carnet de notes qui m’accccompagnait dans le car.