Amour
57 articles
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La Walkyrie ou La lâcheté du Maître des dieux
Une longue histoire de famille très décomposée
Puisqu’il m’est impossible de donner à lire la beauté de la musique, je raconte ces mythes que j’adore, utilisant à ma façon le procédé wagnérien par excellence : les longs récits créent le monde, en redessinant, en ressassant, en variant les éclairages. On peut lire les livrets, et, à l’opéra, heureusement, (enfin, avant le Covid) on a la ressource des surtitres. La radio demeure un peu élitiste et suppose qu’on connaît déjà son affaire. (...) -
Siegfried ou L’Apprentissage de la Peur
Philippe Jordan, dans une interview, dit que ce troisième opéra du Ring correspond au scherzo dans une symphonie à 4 mouvements : il a raison, ce troisième opéra est magnifiquement survolté. Lors des représentations avec mise en scène, le premier acte, qui se termine sur la re-création de l’épée Notung par Siegfried, le fils de Siegmund, est presque une épreuve physique pour le spectateur, alors, vous pensez, pour l’orchestre et les chanteurs. Généralement, au premier entracte, lors des (...)
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Le Crépuscule des dieux Le retour dans les eaux du Rhin
J’avais tort, mercredi dernier, de craindre Ricarda Merbeth dans Le Crépuscule. C’était une faute pour la wagnérolâtre que je suis. Merbeth n’était pas à craindre sauf dans le duo du Prologue, lorsque Siegfried la quitte pour aller courir le monde : cette scène d’amour, elle l’a en effet plus ou moins loupée, car pour les nuances et l’expression de ce sentiment-là, je persiste à penser qu’elle n’a pas la voix qu’il faut, pas assez ronde, pas assez capable de s’amenuiser dans la tendresse (...)
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Journal des Goncourt, 8 Suite et fin
Les Goncourt ont traversé le siècle de Wagner, de Verdi et de Richard Strauss, sans beaucoup se préoccuper de musique, à laquelle ils étaient, semble-t-il, indifférents. Seuls ou à deux, ils vont rarement à l’opéra ou au concert et ils ne commentent pas ces sorties-là. Ils s’en fichent. Les Goncourt ont des yeux, mais pas d’oreille, du moins musicale. À peine Reynaldo Hahn mettra-t-il une fois les pieds dans le Grenier.
J’ai beaucoup apprécié la biographie de Jean-Louis Cabanès et Pierre (...) -
Un monde en miettes d’où émerge Mithridate, de Jean Racine
La présence du Coronavirus provoque et accentue chaque jour l’émiettement du temps, des possibles, des projets. Je le sais, je le sens, comme tout le monde. C’est un peu lassant, un horizon si court, asphyxiant même. Mais qu’y faire ? Et puis tout d’un coup, dans le sec déluge numérique qui berce les nouveaux rivages, une extraordinaire pépite : Mithridate, Jean Racine, 1672.
C’était un soir (22 février), par hasard, je zappais de chaîne en chaîne, j’arrive sur Culturebox, cette chaîne (...) -
« Roman » par Polanski L’intense condensé de notre temps
Un extraordinaire amour du cinéma et de la vie
Cet ouvrage est sorti une première fois en 1984 : Roman Polanski (trad. de l’anglais par Jean Pierre Carasso), est paru sous le titre astucieux de « Roman par Polanski », à Paris, chez Robert Laffont, 502 p. (pour la première édition).
Lorsque le livre a été réédité en 2016 chez Fayard, le cinéaste n’a alors rien changé à la première version des cinquante premières années de sa vie, il a seulement ajouté un court épilogue pour dire combien (...)